Saturday, 26 June 2021

Perdu et retrouvé

L’autre matin, Diane avait échappé quelque chose par terre et je la voyais pencher pour essayer de trouver l’objet perdu. Je me suis donc mis à sa recherche avec elle. Aussitôt m’est venu en tête, comme cela m’arrive presque toujours quand je cherche un objet qui s’obstine à se cacher, de prier saint Antoine de Padoue de nous aider. Quelques secondes plus tard, j’ai vu l’objet fugitif et j’ai pu le récupérer.

Je sais que cela sent un peu la superstition, de celles que nos ancêtres avaient : celle, par exemple, qui consistait à croire que pour avoir un mariage sans pluie il fallait mettre un chapelet sur la corde à linge ou à cette autre qui prétendait qu’enterrer une statue de saint Joseph, la tête en envers dans la cour arrière d’une maison, assurerait qu’on puisse la vendre rapidement. Pourtant, je persiste à croire qu’il y a plus que de la simple crédulité derrière ma confiance en saint Antoine.

Au cours des années, il s’est développer un genre d’amitié entre lui et moi. Je sens que sa sollicitude pour mes petites détresses quand je ne trouve pas ce que je cherche est celle d’un ami, de quelqu’un qui s’intéresse à moi et qui veut m’aider. Je sens en même temps que c’est la sollicitude de Dieu qui transparaît dans celle de saint Antoine. Dieu me donne ce saint comme ami pour me rappeler souvent que son attention pour moi s’étend aussi bien à mes petites détresses qu’à mes grandes.

Chose étonnante, j’oublie souvent le nom de ce bon ami. Quand, par exemple, j’ai pensé le prier pour récupérer l’objet disparu de Diane, je n’ai pas pu m’en souvenir. Toutefois, comme c’est souvent le cas, j’ai senti qu’il m’indiquait l’endroit exact où porter mon regard, là où se cachait l’objet.  En riant, j’ai dit à Diane, « J’ai prié ‘ce saint’ qui aide à trouver les objets perdus. J’ai dû l’insulter bien noir parce que je ne me souvenais pas de son nom. » Je savais pourtant d’instinct qu’il n’était pas du tout offensé par ma mémoire défaillante. Au contraire, je suis convaincu qu’il aime être oublié et s’effacer pour n’être que la transparence de la bonté de Dieu.

Comme je n’arrivais toujours pas à me souvenir de son nom, j’ai fait une recherche sur Internet avec les mots suivants : « le saint qui aide à trouver des objets perdus. » Le premier article en tête de liste sur le moteur de recherche venait du site Web d’Aleteia, une ressource fiable et sérieuse. Le titre de l’article était : Pourquoi prier saint Antoine lorsqu’on perd un objet? Une phrase dans cet article m’a particulièrement rejoint : « Toutes les personnes qui se sentent perdues, qui prient et demandent dans le silence la grâce de se retrouver elles-mêmes, font également confiance au saint de Padoue. » Saint Antoine est donc le saint qui aide à retrouver non seulement des objets perdus, mais aide aussi aux personnes qui se sentent perdues à se retrouver.

Saint Antoine est un saint qui ne désire qu’être la transparence de la sollicitude, de la bonté et de la tendresse de Dieu et qui aide les personnes qui se sentent perdues à retrouver leur chemin et à se retrouver. Peu étonnant que ce saint me soit si sympathique et que je suis reconnaissant d’être son ami!  

Wednesday, 23 June 2021

Why did the turkey cross the street?

Another pleasant walk in the National Cemetery this afternoon. One of the things that often intrigue me when I wander through the many pathways between the burial plots is that I do not recall ever seeing birds there even though it is full of trees of every variety. Today, though, two exceptionally large wild turkeys crossed the road just in front of me. What the cemetery lacks in quantity of avian creatures, it more than makes in the size of the ones who do inhabit its grounds. I don’t know why they were crossing the street though. "To get to the other side” would be a reasonable enough assumption.

Monday, 21 June 2021

Le regard de Dieu

En novembre dernier, j’écrivais ceci dans mon « journal » :

« Le point de contact entre moi et Dieu n'est pas au terme d’un cheminement unique et idéal sans lequel le contact serait raté. Je n’ai pas à me déplacer vers un point précis pour que Dieu puisse me rencontrer. Dieu vient à ma rencontre là où je suis. Son cœur prend tous les détours et les reculs avec moi pour ne pas me perdre de vue. La route est dans mon cœur, c’est l’Amour même de Dieu qui place des pavés et jette des ponts devant mes pas pour que je puisse me rendre à Lui. »

Et une semaine plus tard j’ajoutais cette phrase :

« Pour connaitre ou reconnaître le visage de Jésus, il faut d'abord le tracer au fond de son coeur. »

J’ai relu cela ce matin et je me demandais comment l’on pouvait tracer le visage de Jésus au fond de son cœur. C’est dans un sourire d’enfant que j’ai trouvé la réponse.

La semaine dernière, je prenais une marche matinale sur le sentier qui longe la Rivière Rideau. Le beau ciel bleu, la température clémente et une petite brise m’allégeaient le pas. Une maman s’était arrêtée au bord de la piste pour nourrir à la cuiller sa petite fille qui était assise dans une poussette. La petite était charmante et je la regardais avec joie en m’approchant d’elle. Comme je m’apprêtais à lui dire, « Tu es une belle petite! » elle a tourné son visage vers moi et m’a offert le plus beau des sourires. Elle avait reconnu dans mes yeux la joie que j’avais à la contempler et ce sourire radieux était sa façon d’accueillir mon regard.

Peu importe combien sinueux ont été les sentiers que j’ai empruntés, peu importe où ils m’ont conduit, Dieu s’approche de moi, vient à ma rencontre et me regarde avec tendresse et joie en disant, « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. En toi j’ai mis toute ma joie. » L’enfant perdu et retrouvé que je suis accueille ce regard et souri. A chaque fois que ces rencontres se produisent et que j’accueille le regard de Dieu sur moi, un nouveau trait du visage de Jésus est tracé au plus profond de mon cœur.

Thursday, 17 June 2021

Mercy

“While Augustine was working on his book On the Trinity, he was walking by the seaside one day, meditating on the difficult problem of how God could be three Persons at once. He came upon a little child. The child had dug a little hole in the sand, and with a small spoon or seashell was scooping water from the sea into the small hole. Augustine watched him for a while and finally asked the child what he was doing. The child answered that he would scoop all the water from the sea and pour it into the little hole in the sand. ‘What?’ Augustine said. ‘That is impossible. Obviously, the sea is too large and the hole too small.’ ‘Indeed,’ said the child, ‘but I will sooner draw all the water from the sea and empty it into this hole than you will succeed in penetrating the mystery of the Holy Trinity with your limited understanding.’ Augustine turned away in amazement and when he looked back the child had disappeared.” - The child by the seaside

I read this legend about Saint Augustine several years ago. I had not thought about it since then, but it was obviously tucked away in one of those small drawers in my brain where I keep those tidbits of information because I remembered it while meditating about something else: God’s mercy.

One of the things that strikes me the most when I listen to people speaking, even those I know to be devout Catholics, is how little faith they have in God’s mercy. I must admit that, when I am honest with myself, that is also true of me. I say that I believe that God is merciful, but when I see how weak, how prone to wander off the straight path and how easily I am attracted by worthless shiny things, I am quick to pass judgment on myself and can be quite harsh in doing so.

I think a “legend” about the mercy of God would be helpful. It could go something like this:

An angel appeared to me last night. In one hand, she held a balance, one of those old balances with two cups. In the other hand she had something small that looked like a star that is barely visible in the night sky. The angel said, “This is the smallest possible portion of God’s mercy.” She then placed it in one of the cups of the balance and the cup sank quickly to the ground and rested there. The angel then said, “Look around you.” As I did this, I saw a field covered in stones of various sizes and it seemed to go on endlessly in all directions. “These stones’ said the angel, “are your sins and those of all the people of the world since the beginning of time and until the end of time.” She then placed one of the stones in the second cup of the balance and nothing happened. The cup filled with God’s mercy remained firmly grounded where it lay. Then the angel said, “All of the stones of this field could never outweigh even the smallest portion of God’s loving mercy.”

Thursday, 10 June 2021

Quandary

Yesterday, I received an email from the long-term care institution where my brother lives. It pertained to changes in the protocol that visitors must follow to prevent the risk of COVID transmission. It was good to see that these rules are being relaxed and will allow residents to have a more natural interaction with more visitors.

The first item on the list of changes reads as follows:

“Fully vaccinated essential visitors (whose second vaccine was more than 14 days ago) no longer need to wear face shields, may hug their loved one, may hold their loved one's hand.”

We have all felt “hugged deprived” during this pandemic and I cannot but feel joy at the thought that these residents will finally be able to receive the healing goodness of a bear hug and of a gentle touch of the hand.

I think it will take quite a bit of time though for us to feel completely comfortable with something that was so natural and taken for granted before the pandemic. Indeed, even the email I received contained an indication of that. One of the listed changes stated:

“Outdoor visitors do not require a rapid test but must wear a face mask and maintain physical distance. “

I could not help but wonder how one gives a hug to someone or holds their hands while maintaining physical distancing. Rita, my sister-in-law, used the word “quandary” to describe the obvious contradiction here. What I find surprising is that those who drafted this set of changes to the rules did not see the contradiction. I suspect this may be because this quandary is not just logical but will be part of our psychological makeup for a long while even when all restrictions have been lifted. 

Tuesday, 8 June 2021

Petite chapelle

Depuis plus de 15 mois, Diane travaille de notre appartement et nous sommes donc deux à continuellement occupé un espace confortable mais quand même restreint. Même si Diane et moi nous entendons très bien ensemble et que nous avons tous deux le souci de respecter les besoins de l’autre, il a fallu faire certains aménagements.

Jadis, je pouvais partir pour une fin de semaine ou pour quelques jours pour une retraite dans une maison de prière ou un monastère. Cela est évidemment impossible depuis que les mesures sanitaires sont en place. Mais ce besoin de silence et de solitude est si fort en moi que mon rythme de sommeil s’est ajusté pour le combler. Depuis plus d’un an, je me réveille au milieu de la nuit pour environ une heure. Je lis alors un texte tiré des évangiles et je le médite à partir d’un commentaire sur ce texte écrit par André Louf, un moine cistercien. Cette heure de prière et de méditation au cœur de la nuit est devenue mon espace de silence et d’intimité, ma petite chapelle.

Les oiseaux font leurs nids avec les matériaux qui leur sont disponibles. Il semblerait qu’il en soit de même pour le cœur profond qui trouve ce dont il a besoin dans ce que les circonstances lui offre.

Monday, 7 June 2021

Wanderings

I was out before 8 for my morning walk. It’s going to be a scorcher today and I wanted to do that before it got too hot. I headed toward the Rideau River and sat down on one of the park benches to look at the river and listen to the birds in the trees. A squirrel suddenly appeared through the underbrush directly in front of where I was sitting, saw me, and stood immobile for a few seconds until I shuffled my feet and it quickly scurried away. A couple from the condo building where I live walked along the pathway and greeted me using my first name as they passed by. It felt good to be recognized and acknowledged in that fashion. Three women cyclists sped by and I overheard one of them saying, “Some people hide behind COVID.” I wondered what lay beneath that fragment of conversation. Why would someone hide behind COVID? Did she mean they used it to avoid others or to justify lack of action? Was it a comment about one of our politicians or gossip about a neighbour? How does one “hide” behind a tiny virus?  Then, a young woman in her late twenties came along. One of her arms was raised up over her head and she was smiling at something I could not see. It reminded me of a scene from a movie about catatonic patients. It is only when she said, “Caterpillar” that I understood she was holding one up dangling on a fine silk thread. As she walked away, I thought I saw unsteadiness in her gait. Or could it simply be that my initial perception tainted the way I now saw her? I got up from the bench and continued my little trek. I passed a flock of geese munching on grass and watched them warily, remembering that rooster who had knocked the wind out of me when it launched itself into my stomach when I was ten years old and those news articles about irate wild geese attacking people who got too close to them. I finally got back to our apartment, refreshed after my wanderings through the wonderful life that is all around me.    

Sunday, 6 June 2021

Ancient History

It’s nice to finally be able to visit the children again after several months of seeing them only virtually. We had a BBQ in their backyard yesterday and lots of laughs. The conversation turned to dinosaurs at one point, and I told my grandson Victor that I had seen some when I was younger. He was, understandably, a bit skeptical about my claim and said, “How could you have seen dinosaurs? They lived millions of years ago!” My response, “Grandpapa is old, very, very old!”

When I was a grade 7 teacher and taught ancient history to the kids, I loved learning with them about Egyptian pyramids, hieroglyphics, the process of mummification…  One day, while talking to them about pharaohs, I pretended to reminisce about the olden days and wistfully, as if recalling cherished memories, said, “Ah, Tutankhamun! I knew him well.” To my amazement, I could see in the eyes of the kids that they believed me! I was 35 at the time and, no doubt, I looked fairly ancient to them!

I always enjoyed laughing with the children and they would often manage to say or do something that would bring on laughter. On a social studies quiz following a unit on burial rites in ancient Egypt, one young lad described the mummification process and referred to the removal of the internal organs as the “emptying of the abominable captivity.” How can one not have a good laugh at that!

Thursday, 3 June 2021

Double-edged S(words)

In my daily morning foray through the Internet, I came across an article with an intriguing title: From ‘deadly enemy’ to ‘covidiots’: Words matter when talking about COVID-19. The gist of what the author writes centers on the fact that the words we use to describe our reality act as screens that filter and orient how we think about and react to that reality. One obvious example is the frequent use of the expression “China virus”  by President Trump which so obviously fostered scapegoating and racist attitudes. Militaristic expressions such as “enemy to be beaten” also risk colouring not only the situation, but those who are involved in it as well: on the one side there are the soldiers who fight the good fight; on the other, the “covididiots” who, implicitly at least, are traitors, saboteurs, allied with the enemy. The author suggests that using a different expression than "soldiers" such as “firefighters” may foster more cooperative attitudes.

I have long been wary of using the “combat” metaphor when talking about people with debilitating or terminal illnesses. Necrologies are filled with expressions such as “he courageously fought cancer” for several years. How can that affect the self-perception of a person when she is confronted with the fact that she will ultimately lose the battle or that she no longer has the strength to “fight” on. Even if this expression is meant as an acknowledgment of the person’s courage, it has double-edged meanings: every fight has its winners and losers. I wonder if such expressions risk burdening a person who must carry the weight of her illness with an additional burden: the fear of becoming a loser.   

Tuesday, 1 June 2021

Nous lui serons semblables...

Pendant près de vingt ans, quand je me préparais à accueillir mes étudiants au début de l’année scolaire, j’installais sur le babillard dans ma classe une silhouette de la face de Jésus taillée dans le cuire. Je plaçais celle-ci sur un carton bristol de couleur qui lui servait de fond et de cadre. Tout au long de l’année, le soleil pâlissait les parties du carton qui n’était pas recouvertes par le cuire. Quand je défaisais le babillard à la fin de juin et que j’enlevais la face de Jésus, son contour demeurait imprimé sur le carton.

Depuis plus de 40 ans, je lis au moins quelques lignes de la Bible presque tous les jours. Je ne cherche pas à en extirper le sens comme le ferait un exégète. Je l’accueille tout simplement comme le carton bristol de mes salles de classe accueillait les rayons du soleil. J’espère qu’ainsi, quand je déferai le babillard de ma vie un jour, la face de Jésus restera à jamais imprégnée dans son arrière-fond.

« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » 1 Jean 3,2