Tuesday, 28 December 2021

The Alphabet of our Lives

I love telling stories, but I also enjoy hearing or reading a good story. Father Ron Rolheiser is a master storyteller and that is one of the reasons I enjoy reading what he writes. I am currently reading one of his books: Our One Great Act of Fidelity: Waiting for Christ in theEucharist. Below, I share one of the stories he uses in that wonderful little book.

There is a story told about a Jewish farmer who, because he was careless, had to spend a Sabbath day in his field. Preoccupied with his work, he had let the sun go down without going home. Now, being a pious believer, he was not allowed to travel until sunset the next day. So he spent the day in the field, by himself, missing both the Seder meal with his family and the services at the synagogue. When he finally did return home the next evening, he was met by an irate wife and an equally upset rabbi. The rabbi chided him for his carelessness and asked him, "What did you do in the field by yourself all day? Did you at least pray?"

"Rabbi," the farmer answered, "I'm not a very smart man and I don't know many prayers. All the prayers I knew, I said in five minutes. What I did the rest of the day was simply recite the alphabet. I left it up to God to make some words out of all those letters."

Father Rolheiser then concludes: "We leave it to God to make the words out of the alphabet of our lives."

Monday, 27 December 2021

Garder dans son coeur

Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur !  Psaume 83,6

Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Luc 2, 51

S’appuyer entièrement sur le Seigneur, par contraste à sur sa pensée ou son agir, c’est « ouvrir des chemins » à l’Esprit pour que sa puissance puisse s’infiltrer dans notre cœur. « Garder dans son cœur » est à la fois se tourner vers le Seigneur qui est notre rocher et notre forteresse et être sans cesse ouverture à l’action de l’Esprit. Ce n’est pas un processus de raisonnement ou de réflexion, mais un "oui" à ce qui nous advient qui laisse l’Esprit accomplir ce qu'il veut en nous.

Quand j’essaie d’encercler les événements trop vite par ma penser, quand je cherche à les nommer avant qu’ils n’aient eu le temps de me pénétrer profondément, quand je me précipite pour leur imposer mon agir, je les vole de leur rôle, celui de laisser parler l’Esprit à mon cœur au travers eux.

Friday, 17 December 2021

J'ai soif

J’ai trouvé cette image du visage de Jésus par hasard il y a presque 30 ans de cela. Cette sculpture en bois ravagé par le temps m’a toujours interpellée et ne manque jamais d’éveiller en moi un désir de m’arrêter et de demeurer en silence quelques minutes pour la contempler. Pourquoi est-elle si fascinante pour moi?

Elle évoque sans doute les paroles de Jésus sur la croix, « J’ai soif! ». Mais je suis conscient que c’est aussi ma soif qui s’éveille pour se joindre à la sienne quand je regarde ce visage sillonné de profondes crevasses. J’ai alors le sentiment de faire face non plus à de « petites soifs » qui peuvent être facilement altérées de l’extérieur mais à une soif qui m’habite en profondeur au cœur même de qui je suis. J’entrevoie aussi souvent cette même soif dans le regard des personnes que je côtoie à chaque jour.

Je crois que cette soif est celle que le psalmiste a mis en mots :

« Mon âme a soif de toi, Seigneur mon Dieu. » Psaume 62


 

Monday, 13 December 2021

Prière d'intercession

Depuis plusieurs années, nous avons un petit groupe de prière d’intercession pour les personnes malades dans notre paroisse. Quand quelqu’un demande des prières pour elle-même ou pour un membre de sa famille, j’envoie un courriel aux personnes qui font partie de ce groupe d’intercession pour leur en faire part. Le plus souvent, quand je fais cette demande, j’utilise une petite formule : « Veuillez porter cette personne dans vos prières. » Prier pour une personne malade c’est faire ce que les quatre porteurs de brancard ont fait pour le paralytique en Marc 2, 1-12. C’est la porté et la déposer en présence de Jésus, pour que celui-ci la guérisse.

Une prière d’intercession n’est pas une recherche des bons mots pour attirer le regard de Jésus sur la personne malade ou pour le convaincre de lui accorder sa faveur. Elle n’est pas une tentative de rejoindre un Dieu un peu trop distrait ou dur d’oreille. Le brancard dont nous disposons n'est pas fait de mots pieux. Il est celui de l’amour que nous avons pour la personne malade,  « l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Romains 5,5) Intercéder pour une personne malade, c’est la porter et la déposer dans cet Amour.  

Wednesday, 8 December 2021

Le vieux moine et ses disciples

Je suis en train de lire un beau petit livre de Pierre Goudreau, évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière au Québec, qui a pour titre Quand Jésus pose son regard sur moi. J'avais le goût d'en partager quelques pages avec vous:

Notre manière d'entrer en relation avec l'autre et d’être sensible à ce qu'il vit en dit long parfois sur notre capacité d'être compatissant. Ce récit en donne un exemple éloquent.

Après une longue période de vie commune, passée dans l'étude et la méditation, trois disciples avaient quitté leur vieux maître pour entreprendre leur mission dans le monde.

Au bout de dix ans, les trois disciples rentrèrent et rendirent visite å leur maître. Le vieux moine les fit asseoir autour de lui, sa santé ne lui permettant plus de se lever. Chacun se mit à raconter son expérience.

« Moi, commença le premier, avec une pointe d’orgueil dans la voix, j'ai écrit beaucoup de livres j’en ai vendu des millions d'exemplaires. »

« Tu as rempli le monde de papier », dit le maître.

« Moi, dit le second avec fierté, j'ai prêché à des milliers d'endroits. »

« Tu as rempli le monde de paroles », dit le maître.

« Moi, ajouta le troisième, je t'ai apporté ce coussin afin que tu puisses y étendre sans douleur tes jambes malades. »

« Toi, sourit le maître, toi, tu as trouvé Dieu! »

Cette histoire montre que si nous sommes centrés sur nous-même, sur nos exploits, nous ne voyons pas la fragilité de l’autre. Par contre, si nous acceptons de sortir de nous-mêmes pour nous rendre disponibles à notre prochain et pour être attentif à ses besoins, notre compassion devient un élan naturel du cœur envers lui.

Monday, 6 December 2021

Devenir le visage de Jésus

Récemment, en préparation pour des rencontres d’équipes SASMAD, j’ai trouvé un texte de F. Chagneau sur la prière qui me semblait approprié pour entamer ces rencontres. Voici un extrait de ce texte :

« Connaître Dieu, ce n’est pas entrer en possession de l’idée de Dieu. C’est se laisser rencontrer par QUELQU’UN qui envahit toute notre intimité. Connaître Dieu, c’est chercher Son Visage dans le recueillement de la prière. La prière est une recherche explicite du Visage de Dieu.

Contempler le Visage de Jésus-Christ dans le secret de la prière c’est avoir la révélation d’une Présence, c’est avoir la révélation de l’Amour, c’est apprendre à se laisser aimer par Lui, c’est apprendre à vivre en son intimité, c’est goûter le vrai bonheur. 

C’est dans le recueillement et la prière que se révèle le vrai Visage de Jésus. »

Je me suis pourtant demandé pourquoi utiliser ce texte plutôt qu’un autre qui reflèterait davantage le temps de l’Avent dans lequel nous nous trouvons. Ce texte de Chagneau habite ma prière depuis plusieurs jours et voici ce qu’il semble me dire.

Une personne bénévole SASMAD est appelé à être le visage de Jésus pour les personnes malades ou âgées qu’elle visite. Pour répondre à cet appel, il ne suffit pas de jouer un rôle, comme les acteurs de l’antiquité grecque qui mettaient des masques pour représenter les personnages qu’ils jouaient. Il faut que mon visage devienne celui de Jésus et que ce soit lui qui en moi accueille, écoute et aime la personne que je visite. On ne peut pas improviser cela. Il n'est pas suffisant de simplement se dire, « Aujourd’hui, je serai le visage de Jésus quand je rencontrerai monsieur Untel ou madame Unetelle. » Pour être le visage de Jésus en réalité il faut beaucoup plus que cela.

Il y a un petit conte que j’ai lu quand j’étais étudiant à l’université et dont j’oublie l’auteur. Il m’est remonté en mémoire en méditant sur cette question :

Un jeune berger menait souvent ses brebis dans une vallée qui se trouvait au pied d’une petite montagne. Il aimait cet endroit parce que le pâturage y était abondant. Mais ce qui l’attirait surtout était le visage d’homme que le vent et la pluie avaient sculpté dans un rocher sur le flanc de la montagne. Ce visage fascinait le jeune garçon et il passait des heures à le contempler. 

Les années passèrent. Un jour, alors que le berger se penchait pour boire dans un étang, il vit la face de l’homme dans le rocher. Il se retourna pour mieux la voir, mais elle n’était pas derrière lui. Le berger se souvint alors qu’il était très loin de la vallée qu’il aimait fréquenter. Il regarda de nouveau dans l’eau calme de l’étang et constata que le visage qu’il y avait entrevu était le sien. Il était devenu ce qu’il avait si longuement contemplé.

Prier, ce n’est pas « dire des prières », c’est un face à face avec Jésus. C’est être, littéralement, « fasciné » par lui et passer du temps avec lui pour découvrir petit à petit les traits de son visage : sa tendresse, sa compassion, son humilité… Plus nous faisons cela, plus nous laissons le Seigneur nous transformer en faisant « briller son visage » sur le nôtre. Notre visage devient alors graduellement la transparence du visage de Jésus pour les personnes que nous rencontrons.

C’est l’Esprit qui sculpte les traits du visage de Jésus sur le nôtre et nous fait devenir semblable à Lui quand, jour après jour et année après année, nous prions et nous ouvrons notre cœur à la Parole de Dieu.

Ce texte de Chagneau est donc certainement approprié pour l'Avent. Il nous invite à attendre en prière une nouvelle naissance de Jésus, celle qui advient quand notre visage devient semblable au sien.

“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
  Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce !
  Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !”

                                                                    Nombres 6, 24-26

Thursday, 2 December 2021

La puissance de Dieu se déploie dans ma faiblesse

Quand nous sommes revenus à Ottawa après avoir quitté Kelowna en 1999, nous nous sommes installés dans un petit bloc appartement. Nos voisins d’en bas était une jeune famille que nous aimions bien. Il y avait deux enfants dont le plus jeune, un garçon de 4 ou 5 ans, avait quelquefois l’habitude de manifester sa frustration en hurlant d’une voix stridente.

Un jour qu’il était en train de jouer dans la cour arrière, je l’ai entendu crier avec tant de force que j’étais convaincu que c’était un cri de détresse. Sans hésitation je suis sorti de chez moi à toute allure pour lui venir en aide. Quand je l’ai vu, je lui ai demandé s’il s’était fait mal. Sa mère qui, évidemment, le connaissait beaucoup mieux que moi m’a répondu, « Il n’y a pas de problème. Il est tout simplement frustré. »

Devant la souffrance d’un autre, il est normal d’instinctivement vouloir agir, venir en aide, soulager et consoler. Cela est un réflexe qui est inscrit profondément en nous. Mais que faire quand nous constatons que nous sommes impuissants à changer les choses?   

Il y a plus de trente ans j’étais bénévole pour le service de pastorale d’un centre de soins de longue durée. Je rendais visite aux résidents. Lors d’une de ces visites j’ai vu une personne avec qui j’avais travaillé quelques années auparavant. Nous avions été amis mais je ne l’avais pas revue et je n’avais pas eu des nouvelles d’elle depuis un bout de temps. Elle était émaciée. Ses bras, ses jambes et ses mains étaient tordus de façon grotesque (je sais que le mot est fort, mais c’est le mot qui décrit le mieux ma perception initiale). Je l’ai visité à plusieurs reprises dans les mois qui ont suivi. Je ne me suis jamais senti si impuissant dans une situation. Je me sentais mal quand je la voyais parce que je ne savais pas comment réagir et je me sentais coupable de ne pas savoir comment lui être plus présent. Je me souviens même d’avoir ressenti de la colère face à elle, non pas parce qu’elle l’avait provoquée, mais parce que sa condition mettait en évidence mon impuissance et je n’arrivais pas à accepter celle-ci. Malgré mon désir d’être là pour mon amie et de soulager sa souffrance, mon sentiment d’impuissance dressait parfois un mur entre moi et elle.

Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai compris que mon impuissance devant des situations difficiles pouvait prendre un tout autre visage. Depuis quelques années, je prends de plus en plus conscience que je peux donner mon impuissance à Dieu et que c’est un cadeau qu’il accepte avec joie. Cela me libère et me permet d’accueillir plus pleinement la personne qui est devant moi telle qu’elle est et avec tout ce qu’elle vit. Cela me permet aussi de laisser Dieu agir là ou moi je ne peux pas en sachant que la puissance de Dieu se déploie dans ma faiblesse (2 Corinthiens 12,5).