Thursday, 2 December 2021

La puissance de Dieu se déploie dans ma faiblesse

Quand nous sommes revenus à Ottawa après avoir quitté Kelowna en 1999, nous nous sommes installés dans un petit bloc appartement. Nos voisins d’en bas était une jeune famille que nous aimions bien. Il y avait deux enfants dont le plus jeune, un garçon de 4 ou 5 ans, avait quelquefois l’habitude de manifester sa frustration en hurlant d’une voix stridente.

Un jour qu’il était en train de jouer dans la cour arrière, je l’ai entendu crier avec tant de force que j’étais convaincu que c’était un cri de détresse. Sans hésitation je suis sorti de chez moi à toute allure pour lui venir en aide. Quand je l’ai vu, je lui ai demandé s’il s’était fait mal. Sa mère qui, évidemment, le connaissait beaucoup mieux que moi m’a répondu, « Il n’y a pas de problème. Il est tout simplement frustré. »

Devant la souffrance d’un autre, il est normal d’instinctivement vouloir agir, venir en aide, soulager et consoler. Cela est un réflexe qui est inscrit profondément en nous. Mais que faire quand nous constatons que nous sommes impuissants à changer les choses?   

Il y a plus de trente ans j’étais bénévole pour le service de pastorale d’un centre de soins de longue durée. Je rendais visite aux résidents. Lors d’une de ces visites j’ai vu une personne avec qui j’avais travaillé quelques années auparavant. Nous avions été amis mais je ne l’avais pas revue et je n’avais pas eu des nouvelles d’elle depuis un bout de temps. Elle était émaciée. Ses bras, ses jambes et ses mains étaient tordus de façon grotesque (je sais que le mot est fort, mais c’est le mot qui décrit le mieux ma perception initiale). Je l’ai visité à plusieurs reprises dans les mois qui ont suivi. Je ne me suis jamais senti si impuissant dans une situation. Je me sentais mal quand je la voyais parce que je ne savais pas comment réagir et je me sentais coupable de ne pas savoir comment lui être plus présent. Je me souviens même d’avoir ressenti de la colère face à elle, non pas parce qu’elle l’avait provoquée, mais parce que sa condition mettait en évidence mon impuissance et je n’arrivais pas à accepter celle-ci. Malgré mon désir d’être là pour mon amie et de soulager sa souffrance, mon sentiment d’impuissance dressait parfois un mur entre moi et elle.

Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai compris que mon impuissance devant des situations difficiles pouvait prendre un tout autre visage. Depuis quelques années, je prends de plus en plus conscience que je peux donner mon impuissance à Dieu et que c’est un cadeau qu’il accepte avec joie. Cela me libère et me permet d’accueillir plus pleinement la personne qui est devant moi telle qu’elle est et avec tout ce qu’elle vit. Cela me permet aussi de laisser Dieu agir là ou moi je ne peux pas en sachant que la puissance de Dieu se déploie dans ma faiblesse (2 Corinthiens 12,5). 

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