Diane la regardait hier et me disait qu’elle
ne reconnaissait pas les garçons, même pas moi. Je n’ai pas eu de difficulté à
les placer tous. Ils sont en ordre d’âge du plus jeune au plus âgé de gauche à
droite : Michel, François, Denis, Gilles, Pierre, Jean-Guy et Roger. Ce n’a
pas dû être facile de nous rassembler ainsi et de nous mettre en ordre de cette
façon-là. Les visages de Pierre et de Jean-Guy en disent long : une
expression de révolte et de colère qu’on ait interrompu leurs jeux pour cette
prise de photo? C’est certainement possible!
Mes cheveux presque blonds et ceux de Denis
qui l’étaient encore plus que les miens, m’étonnent. J’avais aussi oublié que
je portais des verres quand j’avais cet âge-là – une tentative de renforcir un œil
« paresseux » qui n’a jamais fonctionné. Mon œil gauche qui était
atteint de strabisme avait été corrigée par une intervention chirurgicale, mais
est toujours demeuré plus faible que l’autre et a toujours été un peu vagabond –
Il a tendance à regarder à droite quand l’autre fixe quelque chose à gauche. La
grandeur de Roger m’étonne aussi. Il est mon ainé de dix ans. Il devait donc
avoir 16 ans à ce moment-là.
Le sourire de mes parents me surprend un
peu. Pourtant, dans la plupart des photos prisent d’eux, ce sourire était là.
Le souvenir que j’ai d’eux diffère de cela. J’imagine qu’avec une marmaille
comme la nôtre à nourrir et à tenir en vie ce n’était pas toujours facile pour
eux. Mon gendre Kent, en parlant de mon petit-fils Victor, dit souvent qu’il a
un « désir d’extinction » parce qu’il fonce à toute allure sans se
soucier des murs qui pourraient se trouver sur sa route. Cela est certainement
un héritage de la famille Côté : nous avons contribué amplement à enrichir
les compagnies de diachylons et aidé les médecins de famille et de salle d’urgence
à se tenir occuper. J’ai souvenir de nombreuses visites chez le médecin et de
plusieurs séjours à l’hôpital. Mes frères ont sans doute aussi de nombreux
souvenirs semblables.
Cette photo me laisse avec un mélange de
sentiments: nostalgie d’une époque révolue mais qui habite toujours une
partie de qui je suis; sentiment de gratitude pour toute la vie et la
croissance qu’une grande famille m’a permis d’éprouver; un peu de tristesse en
pensant que nous étions neuf à l’époque et que quatre sont maintenant parties.
C'est une belle photo et un beau cadeau à
découvrir 67 ans plus tard!