Friday, 26 May 2023

Venez les bénis de mon Père…

J’ai longtemps pensé, comme bien d’autres le font, que cette « bénédiction » du Père était une conséquence de mes « bonnes actions », une récompense en retour de services rendus. Mais cette façon de penser est évidement une fausse perception et n’était pas celle de Jésus. L’invitation qu’il lançait sans cesse à ces disciples, et qu’il nous lance encore aujourd’hui, est celle d’aimer comme lui nous a aimé.  Cet amour-là est entièrement gratuit, « no strings attached » diraient nos amis anglophones. Il ne s’achète pas, pas même avec les meilleures des « bonnes actions. » Il ne se vend pas non plus; il n’exige rien en retour de celui qui est aimé. L’amour ne se marchande pas. Mais alors, en quoi consiste cette bénédiction dont Jésus nous parle en Matthieu 25?

Quand j’ouvre mon cœur pour accueillir la personne qui est dans le besoin, quand j’accepte d’aller à sa rencontre, j’ouvre en même temps mon cœur à Jésus qui s’identifie à cette personne : « c’est à moi que vous l’avez fait. » Un cœur ouvert à l’autre est un cœur ouvert à Dieu. Quand cette ouverture se crée, Dieu peut y verser son propre amour : « l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit. » (Romains 5,5) Alors seulement m’est-il possible d’aimer « comme Jésus », avec son propre amour. Cet amour me pénètre, me traverse et se déverse dans la personne que je visite. C’est ainsi que je deviens un canal de cet amour.

L’héritage qui nous est offert, le « Royaume de Dieu », ne se trouve sur aucune carte géographique. Ce Royaume est là où l’Amour règne. Ce Royaume est notre cœur habité et traversé par Dieu qui est Amour. C’est cela qui est la source de notre « bénédiction », de notre bonheur. Est béni celui ou celle en qui l'Amour demeure.

Tuesday, 23 May 2023

Un coeur qui bat et qui rassemble

Dans la dernière semaine je suis allé à deux funérailles et à une fête de famille. Les trois étaient bien différents les uns des autres mais avaient tous quelque chose en commun : un cœur qui rassemblait une famille.

La célébration de vie de mon ami Pierre a eu lieu au salon funéraire du cimetière de Beechwood. Après une courte prière, son épouse, ses frères et sœurs, leurs conjoints et conjointes, les petits enfants, un prêtre ami de la famille ont tous dit quelques mots au sujet de leur relation avec lui. Ensuite, nous avons visionné un montage de photos et de vidéos. Le tout aurait pu paraitre très long mais s’est déroulé rapidement. En une heure la prise de parole de chacun, les images, la vidéo de Pierre interprétant « Toujours plus haut, toujours plus loin » de Jean-Pierre Ferland dans un spectacle amateur – tout cela dessinait peu à peu les traits du visage de mon cher ami. Je me souviendrai toujours du partage qu’a faite une de ses petites filles au sujet de son « pépère ». Elle nous a dit qu’elle croyait que chacun des petits enfants avait hérité de talents ou de qualités de leur grand-père. Elle a ensuite énuméré ceux qu’elle voyait en elle-même et dans chacun des autres petits-enfants. Ses paroles visaient juste : sa description était bien celle de celui que j’ai appris à connaitre pendant les plus de 10 ans de notre amitié.

La deuxième célébration, les funérailles de ma belle-mère Eva, s’est déroulée de façon plus traditionnelle : l’accueil des visiteurs par la famille au salon funéraire, une célébration de la parole avec eucharistie à l’église suivi d’un goûter. Pat, le fils d’Eva a fait l’éloge funèbre. En préambule, il nous a dit que sa mère l’avait averti de ne pas parler d’elle parce que ce qui comptait c’était la famille et non pas elle. Pat n’avait pas à s’inquiéter d’aller à l’encontre des souhaits de sa mère : tout ce qu’il a dit d’elle parlait en même temps de la grande famille d’Eva – il est impossible de faire autrement parce que Eva était et demeure le cœur vivant de cette famille. Elle sera toujours dans ma mémoire la maman qui se réjouit et se préoccupe de ses enfants, de ses petits-enfants, de ses arrière-petits-enfants ainsi que tous ceux que, comme moi, elle a « adopté » et entouré d’amour au cours de sa longue et belle vie.

La fête de famille a eu lieu le lendemain des funérailles de Eva chez Michel Babin. Nous étions une quinzaine : des frères et sœurs, des cousins et cousines, un beau-frère, des amis, des enfants et des petit-enfants et même deux chiens du voisinage rassemblés pour fêter. Les conversations autour d’un verre de bière ou de vin, le rire et les jeux des petits enfants, le repas simple mais délicieux, la joie de se retrouver et d’être ensemble pour quelques heures… tous étaient au rendez-vous. Après cette fête, je me suis demandé : si Pierre et Eva étaient les « cœurs battants » qui rassemblaient les gens, quel était celui qui nous rassemblait chez Michel. Celui d’Hélène, la sœur de Diane et l’épouse de Michel, décédée depuis plus de vingt ans? Celui de Rolande, la mère de Diane décédé en 1975? Sans doute les deux.

Ce dont je suis certain c’est que le « cœur battant » qui nous rassemblait dans toutes ces célébrations était bel et bien vivant parce qu’il était celui d’un amour qui ne peut pas mourir. Je reverrai un jour Pierre, Eva, Rolande et Hélène et nous pourrons alors à nouveau célébrer cet amour.