Quand j’étais enseignant de français langue
seconde, je me servais, comme bien d’autres enseignants le font sans doute, du
verbe « aimer » pour illustrer la conjugaison des verbes du premier
groupe en -er. Puisque ce verbe est court et familier, cela allait de soi. Les
étudiants étaient alors invités à aimer à tous les temps : au présent, au
passé, au futur, à l’imparfait, au conditionnel… J’en suis venu à croire que
cela était les induire en erreur. On aime réellement qu’au présent ou on n’aime
pas du tout.
Je cherche dans ma mémoire pour trouver une
seule personne que j’aurais aimé dans mon passé et que j’ai depuis chassé de
mon cœur. Je n’en trouve pas. Bien sûr, il y a eu des blessures de part et d’autre,
des difficultés à communiquer, des distances créées, et parfois des ponts coupés.
Toutefois, il n’y a personne à qui je n’ai pas voulu accorder un pardon et un espace dans mon cœur. Ils sont tous enfouis en moi où je peux les rejoindre de
temps à autres pour leur dire que je les aime toujours et que je ne leur veux
que du bien.
Je ne vois pas non plus comment je pourrais
conjuguer le verbe aimer au conditionnel. Quel amour vrai imposerait des
conditions avant d’être offert et donné. L’amour est gratuit ou il n’est pas.
Et comment pourrait-il se conjuguer au
futur quand mon cœur est déjà accueil et réceptivité et cela même des personnes
que je ne connais pas encore? Je porte en moi aujourd’hui l’ouverture qui
permettra à de nouvelles relations d’amitié de naître et de grandir.
Imparfait? Comment l’amour pourrait-il l’être
quand il a sa source en Dieu qui aime les autres en moi.
Mon cœur est un cheval de Troie qui porte
toutes ces personnes de mon passé, de mon présent et de mon avenir. Quand je
ferai le passage final dans l’au-delà – j’en ai la certitude – je les
emporterai tous avec moi dans un éternel présent d’amour. Le Seigneur, qui voit ce qu’il y a dans les cœurs, non seulement ne sera pas dupe de mon subterfuge,
mais en sera complice.
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