Monday, 15 November 2021

Manquer de respect... en deux langues

La semaine dernière, j’ai reçu la troisième dose du vaccin contre la COVID-19 mercredi et le vaccin contre la grippe vendredi. Pour le premier, j’étais seul. Diane était avec moi pour le second.

Quand je me suis présenté au centre de vaccination mercredi, la personne à la réception m’a accueilli en anglais seulement mais m’a demandé si je voulais faire l’enregistrement en anglais ou en français. J’ai évidemment opté pour le français. Une fois l’enregistrement complété, on m’a dirigé vers un jeune homme qui avait la tâche de m’assigner la personne qui injecterait le vaccin. Le jeune homme m’a demandé non pas en quelle langue je préférais être servi, mais si cela me dérangerait d’être servi en anglais parce qu’il n’y avait pas beaucoup de personnel francophone. Comme d’habitude dans ce genre de situation, j’ai ressenti une légère impatience en entendant sa question. Le jeune homme était anglophone et se débrouillait avec difficulté en français. J’ai résisté à la tentation de lui dire, « Et toi, comment te sentirais-tu si on te demandait si tu voulais être servi en français dans un service qui, légalement, devrait être offert dans les deux langues. Ne comprends-tu pas le manque de respect sous-jacent à ta question. » J’ai hésité en sachant que si j’insistais pour le français, je risquais d’attendre plus longtemps. J’ai tout de même dit que, si c’était possible, je préférerais pouvoir faire la démarche en français. Heureusement, une infirmière francophone était disponible immédiatement.

Vendredi, Diane et moi nous sommes présentés ensemble au même endroit pour recevoir le vaccin contre la grippe. Cette fois, la personne à la réception ne parlait pas du tout français mais nous a tout de même demandé notre préférence quant à langue dans laquelle nous voulions être servis. Notre réponse nous a mérité une attente de quelques minutes. Ensuite, il y avait un document à remplir qui, d’après la personne qui nous l’a remis, n’existait qu’en anglais. Quand Diane a insisté pour qu’on lui trouve une version française, une des personnes à l’accueil est allé vérifier ailleurs et, quelques minutes plus tard, est revenue avec le formulaire en français. Une fois celui-ci rempli, nous nous sommes dirigés vers l’étape suivante. Une autre personne unilingue anglophone nous attendait et nous a dit que nous risquions une attente assez longue parce que l’infirmière (une seule?) qui parlait français était très occupée. Au bout d’une minute, on nous a dit qu’un des médecins disponibles se « débrouillait » en français et que son assistante parlait le français. À notre grande surprise, le médecin en question était notre médecin de famille, celui que nous consultons depuis plus de vingt ans. Nous ne savions pas qu’il parlait français. Il nous a adressé la parole dans un français hésitant, mais relativement bon. Il nous a expliqué qu’il avait fait toutes ses études en français, et qu’à son arrivée à Ottawa il avait travaillé dans un centre médical francophone. Toutefois, ses confrères de travail, en détectant son léger accent anglais, lui adressait automatiquement la parole en anglais. Il a vite perdu le français qu’il avait acquis en faisant ses études.

Quelle tristesse de constater que le « manque de respect » que j’ai ressenti mercredi dernier n’émane pas uniquement des anglophones qui ne comprennent pas l’importance de pouvoir s’adresser dans sa propre langue, mais est aussi celui de francophones qui, comme moi je le fais malheureusement parfois, ne respectent pas toujours les efforts honnêtes d’anglophones pour communiquer avec nous dans notre langue.

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