Quand on croise quelqu’un qui a une forte odeur de transpiration on a instinctivement un mouvement de recul. Devant des situations de scandale, il est aussi normal de faire de même, surtout quand le scandale nous touche de prêt. « Cela pu à plein nez! » C’est une des expressions qu’on emploie pour décrire des situations scandaleuses. D’instinct, on cherche à se distancier des personnes qui sont impliquées dans ces scandales, qu’elles en soient directement responsables ou non. Dans cette prise de distance, nous sommes tentés de pointer l’autre du doigt et de penser ou même de le dire ouvertement, « Je ne suis pas comme toi. »
La nuit dernière, je pensais aux scandales qui éclatent l’un après l’autre depuis des années dans l’Église Catholique canadienne et du mouvement de recul que je ressens parfois face à ceux-ci. Ces scandales m’éclaboussent et j’ai l’impression de sentir mauvais moi aussi simplement parce que je suis catholique. Je vois ce mouvement de recul aussi chez mes amis et je comprends pourquoi certains sont tentés de prendre leur distance et même de couper les liens.
En réfléchissant à tout ceci aux petites heures du matin, c’est le texte de l’enfant prodigue qui m’est revenue en mémoire. Je pensais au fils cadet qui revenait chez lui. Il portait des vêtements qui, sans doute, sentaient à plein nez la porcherie. Je voyais le père le prendre dans ses bras et l’embrasser sans la moindre hésitation. Quand, ensuite, il instruit les serviteurs d’apporter le plus beau vêtement, ce n’est pas parce que les haillons que portent son fils le dégoûte, mais uniquement parce qu’il veut le revêtir de son amour.
J’ai aussi revu le fils ainé qui, la parabole nous dit, rentrait des champs. Son mouvement de recul, sa colère et son refus d’entrer dans la maison était bien compréhensible. Pourtant, après une longue journée de travail avec le troupeau, lui non plus ne devait pas sentir les roses. Lui aussi avait besoin de l’étreinte et du baiser du père. Lui aussi avait besoin d’être revêtu du plus beau vêtement, celui de la miséricorde.
Mon frère est pécheur comme moi je le suis aussi et je vis dans une église de pécheurs. Ce n’est pas en la fuyant que je mettrai une distance entre moi et le scandale du péché. C’est en mettant mon bras autour du cou de mon frère et en me laissant avec lui embrasser par le Père que je serai avec lui revêtu de son Amour.
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