Quand je rends visite à une personne malade j’y vais avec ce que je suis et ce que je vis. Je ne suis pas parfait et, il va de soi que ma rencontre de l’autre ne le sera pas non plus. Je ne suis jamais aussi désintéressé que j’aimerais l’être, aussi vidé de moi-même qu’il faudrait l’être, aussi disponible à l’accueil de l’autre que je voudrais l’être. Il est difficile pour moi de me rendre au rendez-vous en laissant derrière toutes mes attentes, mes façons de percevoir, mes peurs, mes malaises et mes inquiétudes. Je fournis un effort conscient pour laisser cela derrière avant d’entrer dans la demeure de la personne que je visite, mais un peu de tout cela reste quand même coller à ma peau malgré tout.
Les sentiments qui montent souvent à la surface au moment même où j’essaie de tendre l’oreille à la personne qui se confie à moi sont témoins de mes difficultés à être complètement présent et à ne jamais
céder à la tentation d’évaluer, de juger ou d’enfermer l’autre dans mes schèmes
de référence.
Je suis très conscient de ces failles et de ces limites. Celles-ci ne sont pourtant pas sources de découragement. Elles m’invitent au contraire à me tourner vers le Seigneur et à le prier de venir lui-même rencontrer, accueillir, écouter et aimer la personne
que je visite, « Prend mes yeux, mes oreilles, ma bouche et
tout ce que je suis. En moi, Seigneur, vas toi-même à la rencontre de cette personne.
»
Plus j’apprends à faire cela, plus ce qui
est limite et imperfection en moi cède la place à l’Amour parfait et sans faille
du Christ et c’est lui qui comble la distance qui autrement pourrait empêcher une véritable rencontre avec l’autre.
Comme les cinq petits pains et les deux
poissons étaient nettement insuffisant pour nourrir la foule immense qui avait faim
sur le bord du lac de Tibériade, ce que j’ai à offrir aux autres sera toujours
insuffisant s’il n’est pas d’abord offert à Jésus.
Si je rencontre une personne qui a besoin
de présence, d’écoute et de compassion et que j’essaie de combler son besoin en
ne m’appuyant que sur mes propres ressources, je la prive de l’essentiel. Il n’y
a que Dieu qui peut combler le coeur d’une personne. Oui, le Seigneur me
demande de donner ce que j’ai et ce que je suis à l’autre dans la rencontre que
je fais avec elle, mais pour que ce don soit suffisant il faut d’abord que je dépose
ma vie entre les mains de Jésus, que je la lui donne pour qu’elle soit uni à la
sienne.
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