Il y a toute la différence du monde entre « abandonner » et « s’abandonner ».
Quand j’abandonne, je m’admets tout
simplement incapable d’atteindre le but, quel qu’il soit. Le point de
mire est mon ego, ma capacité d’accomplir, ma volonté de réussir. Quand j’abandonne,
je m’admets vaincu, je me reconnais « rendu au bout de mon rouleau ».
Je suis alors le lutteur qui sort de l’arène tête baissée et humilié.
Abandonner m’isole, me plonge dans une solitude que je n’ai pas choisie et qui
m’écrase. L’abandon a un goût de finalité, un goût de mort.
Quand je m’abandonne, j’entre dans une
réalité tout autre. Je ne suis plus centré sur moi-même. M’abandonner implique
que je me remets entre les mains d’un autre que moi-même, qu’il y a un
vis-à-vis en qui j’ai confiance. Ce genre d’abandon n’est pas une admission de faiblesse,
ni une perte de moi-même. C’est reconnaitre que je ne suis pas seul à porter mon
fardeau. C’est croire que, quand je consens à déposer ma vie, je ne la perds
pas mais qu’il y a quelqu’un pour l’accueillir comme un don précieux. M’abandonner
est le geste le plus libre que je puisse poser. C’est ce qui m’ouvre un passage
vers une vie en plénitude.
« Entre tes mains je remets mon
esprit. » Luc 23,46
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