Sunday, 26 June 2022

Abandon

Il y a toute la différence du monde entre « abandonner » et « s’abandonner ».

Quand j’abandonne, je m’admets tout simplement incapable d’atteindre le but, quel qu’il soit. Le point de mire est mon ego, ma capacité d’accomplir, ma volonté de réussir. Quand j’abandonne, je m’admets vaincu, je me reconnais « rendu au bout de mon rouleau ». Je suis alors le lutteur qui sort de l’arène tête baissée et humilié. Abandonner m’isole, me plonge dans une solitude que je n’ai pas choisie et qui m’écrase. L’abandon a un goût de finalité, un goût de mort.

Quand je m’abandonne, j’entre dans une réalité tout autre. Je ne suis plus centré sur moi-même. M’abandonner implique que je me remets entre les mains d’un autre que moi-même, qu’il y a un vis-à-vis en qui j’ai confiance. Ce genre d’abandon n’est pas une admission de faiblesse, ni une perte de moi-même. C’est reconnaitre que je ne suis pas seul à porter mon fardeau. C’est croire que, quand je consens à déposer ma vie, je ne la perds pas mais qu’il y a quelqu’un pour l’accueillir comme un don précieux. M’abandonner est le geste le plus libre que je puisse poser. C’est ce qui m’ouvre un passage vers une vie en plénitude.  

« Entre tes mains je remets mon esprit. » Luc 23,46

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