Friday, 30 April 2021

La création entière gémit

Au printemps, même après avoir vu 71 mois d’avril, je suis toujours surpris et émerveillé de voir des fleurs qui apparaissent là où, quelques jours auparavant, il y avait de la neige. Et quand les bourgeons éclatent dans les arbres un peu plus tard, je ne peux pas non plus m’empêcher d’être étonné et rempli de joie. Pourtant, les graines préparaient la venue des fleurs depuis des mois et la sève des arbres celle des bourgeons depuis longtemps. Les feuilles mortes de l’automne ainsi que la neige et le verglas des mois d’hiver n’étaient que les précurseurs d’une vie nouvelle qui était silencieusement et discrètement en gestation.

Dans l’Épître aux Romains (8, 22), Saint Paul écrit que « la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » Le Pape François, dans un commentaire sur ces paroles, explique, "Ces gémissements ne sont pas une plainte stérile, inconsolable, mais ceux d’une femme qui accouche...et sait qu’une vie nouvelle va venir à la lumière" (Audience 22.2.2017).

En vieillissant, je suis souvent surpris de voir germé en moi des lumières que je n’attendais pas et des joies qui m’étonnent. Elles semblent surgir de nulle part, merveilleusement gratuites. Et pourtant, elles aussi ont été préparées de longue date dans le terreau de tout ce que j’ai vécu : les malheurs aussi bien que les bonheurs, les échecs comme les victoires, les désolations et les consolations. Pendant des années j’ai prié, à la suite de Salomon, que le Seigneur me donne « un cœur qui écoute » (1 Rois 3,9) pour entendre dans tous les gémissements – ceux de mon cœur, ceux de mes frères et sœurs et celui de la création tout entière – cette vie nouvelle qui est en gestation.

Monday, 19 April 2021

Sortir de nos prisons

Ma petite fille Katherine prend un atelier de théâtre en ligne offert par la MIFO située à Orléans. Avec les autres membres du groupe de participants, elle crée le scénario d’une série de courtes vignettes comiques. Elles jouent ensuite un des personnages qu’ils ont inventés. Le tout est enregistré sur ZOOM par l’animateur de l’atelier qui en fait une petite vidéo à présenter en spectacle aux parents et amis des participants à l’atelier. C’est une belle façon ludique d’introduire des jeunes au théâtre et à la production d’un œuvre artistique. Katherine s’amuse beaucoup dans cette activité.

C’est avec cela en tête que je me suis mis récemment à réfléchir à comment nous sommes tentés de chercher à faire du sens et à guérir des blessures subies dans des situations difficiles que nous avons vécues dans notre passé.  Nous rejouons sans cesse dans notre tête, et souvent même inconsciemment dans nos relations avec les autres, le même scénario pour essayer de trouver une issue à ce que nous avons vécu de pénible dans le passé. Une personne qui, dans son enfance, s’est sentie diminuée par l’attitude critique ou trop exigeante d’un parent, reproduit plus tard dans sa vie le même scénario dans toutes ses relations avec les autres. Les acteurs, le décor, les costumes changent, mais le même scénario se reproduit indéfiniment. L’autre (ce peut être un homme, une femme ou même Dieu) est perçu comme le parent à qui l’on cherche à plaire et devant qui ces tentatives échouent continuellement. Cette mise en scène perpétuelle, au lieu de permettre à la personne de sortir de son dilemme, l’y enferme plus solidement. Même les tentatives bienveillantes d’amis qui interviennent pour essayer d’aider la personne à en sortir sont vouées à l’échec, car eux-mêmes deviennent alors des acteurs dans le drame vécu par celui ou celle qu’ils voudraient aider.

Suis-je alors condamné à vivre emprisonner dans mes enfer-mements – ces "enfers" vécus au quotidien? Je ne crois pas que ce soit le cas. Il y a, au plus profond de chaque personne, une source de vie qui est assez puissante pour percer un passage, une porte de sortie, dans les murs les plus épais. L’ami le plus aidant n'est pas celui qui me donne des conseils ou des recettes, mais celui qui s’assoit avec moi et, en silence, écoute avec moi le doux murmure de cette source de vie à l’œuvre dans mon coeur.  

Wednesday, 14 April 2021

Vaccins chrétiens

Un article récent de Simon Lessard sur le site Web LeVerbe porte sur trois « virus » contemporains qui se propagent rapidement dans notre monde contemporain: l’anxiété, la culpabilité et le cynisme.  Pour les contrer l’auteur propose trois « vaccins chrétiens »: le vaccin de la Providence, le vaccin de la Miséricorde et celui de l'Amour (https://le-verbe.com/idees/trois-vaccins-contre-trois-virus-contemporains). Comme conclusion, l’auteur reprend une oraison de saint Padre Pio : « Mon passé, ô Seigneur, à ta Miséricorde, mon présent à ton Amour, mon avenir à ta Providence. »

J’aime beaucoup cette oraison. Savoir que toutes les erreurs, les manquements, les négligences, les échecs et les péchés de mon passé sont englouties dans la miséricorde de Dieu est libérateur. Prendre conscience que le Seigneur enveloppe d’Amour tout ce que je vis aujourd’hui – mes souffrances aussi bien que mes joies, mes faiblesses et mes forces, mes rêves et mes deuils – me rempli de vie. Mettre mon espérance entre les mains d’un Père qui ne prépare que de bonnes choses pour ses enfants (Luc 11, 11-13) me donne des ailes pour m’envoler avec confiance vers l’avenir.

Tuesday, 13 April 2021

Le maître est là. Il t’appelle.

En parlant avec une amie dernièrement, je lui racontais un petit incident où j’avais cru discerner la délicatesse de Dieu, une de ces coïncidences qui arrivent au bon moment et qui ressemble à un clin d’œil rassurant du Seigneur qui murmure, « Ne crains pas, je suis là. » Mon amie m’a répondu, « Les coïncidences sont l’agir de Dieu quand il veut se faire discret. »

Il est vrai que le Seigneur est souvent très discret et qu’il faut faire silence autour de soi et en soi pour entendre sa voix. La plupart du temps, on ne se rend compte qu’il était là au milieu de notre quotidien qu’en se remémorant un événement qui, au premier abord, semblait bien ordinaire. Comme Moise, on ne voit normalement Dieu que de dos (Exode 33, 18-23). Ou encore, comme les disciples d’Emmaüs, ce n’est qu’après coup que l’on constate, « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Luc 24,32)

Occasionnellement, toutefois, le ciel s’ouvre et Dieu n’est plus du tout discret. Ce fut le cas quand Jésus fut baptisé au Jourdain, « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Matthieu 3, 17) Ce fut aussi le cas quand il est apparu à Moise dans un buisson en feu et lui a dit, « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. » Quand il s’agit de manifester son amour pour son Fils bien-aimé ou quand il s’agit de venir en aide à ses enfants qui crient leur souffrance, Dieu ne veut plus être discret. Il fait éruption dans notre monde et agit à découvert.

Je crois que c’est ce qui se passe ici à Ottawa depuis quelque temps: les « coïncidences » se sont multipliées pour que deux formations SASMAD puissent avoir lieu; 26 personnes ont entendu un appel à suivre ses formations pour pouvoir ensuite accompagner des personnes malades et âgées à domicile; toute une communauté s’est mobilisée pour soutenir ce projet. Non, le Seigneur n’est pas du tout discret en ce moment. Je suis convaincu qu’il veut se faire reconnaître, non plus de dos, mais de face dans les personnes malades et âgées qui ont le plus souffert pendant cette pandémie.  « Le maître est là. Il t’appelle. » (Jean 11,28)


Sunday, 11 April 2021

He Was Lost and Has Been Found

Jesus was a masterful teacher. He knew how to bring people to understand the most profound truths by using simple, every day concrete examples: “Look at how yeast makes dough rise… Look at that wonderful old lady who just deposited a small coin in the collection box… Look at that farmer throwing seeds by the handful… Look at the lilies in the field and how they grow… Look at how a shepherd goes out looking for that one lost sheep…” He still does that today. As I read the scriptures, he will draw my attention to a detail in a passage, to a small event that occurred as he travelled from town to town, to a twist in one of his parables… For the last several months, I have felt him inviting me to look closely at the “good” thief crucified next to him.  

“Good” is an epithet that may not be quite suitable for this condemned criminal. He admits deserving the punishment he is getting. We don’t know the details of his crimes, but they must have been serious. He was a gangster, and we can easily imagine him on that dangerous stretch of road leading from Jericho to Jerusalem attacking travellers – like the one rescued by the “Good” Samaritan in the parable – and leaving them behind beaten and barely breathing. We also know from the Gospel of Matthew (27, 44) that both thieves crucified with Jesus, initially at least, insulted, and mocked Jesus.

I cannot but help wonder what could have happened to this hard-hearted man to bring him to eventually turn to Jesus before he died and say, “Remember me when you come into your Kingdom.” (Luke 23, 42) What follows is pure speculation, but could the “good” thief have seen something in Jesus’ eyes that he had never seen before. All his life he had been running from the law, from judgement, from condemnation and from rejection in a society that saw nothing good in him, nothing loveable, nothing of value. In the few hours he hung on a cross before his death, his gaze must have crossed that of Jesus several times and seen something else there: compassion. All his life, he had been afraid of being “found out” for what he felt he was, less than nothing, but in the eyes of Jesus he could only see the love of a father who welcomes his wayward son with open arms saying, “…he was lost and has been found.”

Wednesday, 7 April 2021

Blank Pages

 A biography or an autobiography, to be faithful to the person it claims to represent, should be full of blank pages; haunted pages filled with losses, sorrows, or longings too deep to express in any language; pregnant pages, full of dreams not yet realized, or wonders too great to encompass; Holy Saturday pages filled with hope and wordless prayers for resurrection, healing, and holiness. Today, I offer you a blank page:



Sunday, 4 April 2021

Dieu entend le cri de ses enfants

Quand ma fille Marie-Claude avait onze ans elle a fait une bronchite. J’ai souvenir de la scène qui s’est déroulée la journée où j’ai dû la conduire à l’hôpital. Une amie de la famille, une ancienne infirmière, était chez nous. Elle a pris la température de ma fille puis s’est approchée de moi et m’a dit, à voix basse pour ne pas alarmer Diane, que sa température était très élevée et que je devais emmener la petite à l’hôpital immédiatement. Son ton de voix et l’inquiétude dans ses yeux ne laissaient aucuns doutes sur l’importance d’agir rapidement.

La réaction que j’ai eu à ce moment-là m’étonne encore un peu. Normalement, devant une situation stressante comme celle-là, j’aurais vécu une montée de panique. Mais cette fois-là, le contraire s’est produit : j’ai ressenti une poussée d’énergie et une clarté d’esprit inattendues, comme si toutes les cellules de mon corps se mobilisaient pour protéger ma petite fille qui était en danger. Je pense que s’il y avait eu un mur de pierre à traverser pour me rendre à l’urgence avec elle j’aurais tenté de foncer dedans.

En furetant sur Internet hier, un titre d’article a attiré mon attention : « Pendant la pandémie, les gens prient d’avantage, mais est-ce qu’il y a quelqu’un qui écoute? » Je n’ai pas lu l’article et je ne sais donc pas comment son auteur a répondu à cette question mais elle est certes légitime : est-ce que Dieu entend les cris qui montent du cœur des millions de personnes qui sentent le sol se dérober sous leurs pieds pendant ce temps de pandémie?

Je crois profondément que Dieu est déjà à l’œuvre pour venir en aide à ses enfants qui crient leur détresse. Récemment, je complétais une formation pour devenir bénévole comme accompagnateur spirituel de personnes malades ou aînées à domicile. Il y avait 13 autres personnes qui prenaient cette formation de vingt heures avec moi. Tous se sentaient appeler à visiter des personnes qui, autrement, continueraient à vivre l’enfermement que la plupart d’entre nous laisserons derrière nous quand prendra fin la pandémie. La même formation sera offerte de nouveau dans quelques semaines à 12 autres personnes. Une petite armée de bénévoles a répondu, au nom de leur foi en Jésus, à un appel à se mobiliser pour venir en aide aux personnes les plus fragiles dans leur milieu. C’est le corps du Christ qui se mobilise ainsi – les cellules de son corps – pour entourer de tendresse et de compassion ceux qui souffrent d’isolement. Rien ne pourra empêcher notre Père céleste de venir en aide à ses enfants en détresse, pas plus que la pierre roulée sur le tombeau n’a pu l'empêcher de relever son fils bien-aimé au matin de Pâques.

Friday, 2 April 2021

Into your hands I commend my spirit

Meditations on the seven last words of Jesus:

Into your hands I commend my spirit. Luke 23,46