Au printemps, même après avoir vu 71 mois d’avril, je suis toujours surpris et émerveillé de voir des fleurs qui apparaissent là où, quelques jours auparavant, il y avait de la neige. Et quand les bourgeons éclatent dans les arbres un peu plus tard, je ne peux pas non plus m’empêcher d’être étonné et rempli de joie. Pourtant, les graines préparaient la venue des fleurs depuis des mois et la sève des arbres celle des bourgeons depuis longtemps. Les feuilles mortes de l’automne ainsi que la neige et le verglas des mois d’hiver n’étaient que les précurseurs d’une vie nouvelle qui était silencieusement et discrètement en gestation.
Dans l’Épître aux Romains (8, 22), Saint Paul écrit que « la création tout entière
gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » Le Pape François, dans un commentaire sur ces paroles, explique, "Ces
gémissements ne sont pas une plainte stérile, inconsolable, mais ceux d’une
femme qui accouche...et sait qu’une vie nouvelle va venir à la lumière" (Audience
22.2.2017).
En vieillissant, je suis souvent surpris de
voir germé en moi des lumières que je n’attendais pas et des joies qui
m’étonnent. Elles semblent surgir de nulle part, merveilleusement
gratuites. Et pourtant, elles aussi ont été préparées de longue date dans le
terreau de tout ce que j’ai vécu : les malheurs aussi bien que les
bonheurs, les échecs comme les victoires, les désolations et les consolations. Pendant des années j’ai prié, à la
suite de Salomon, que le Seigneur me donne « un cœur qui écoute » (1
Rois 3,9) pour entendre dans tous les gémissements – ceux de mon cœur, ceux de
mes frères et sœurs et celui de la création tout entière – cette vie nouvelle
qui est en gestation.
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