Il était une fois une princesse qui vivait avec son père le roi et sa mère la reine dans un merveilleux château. Elle avait tout ce qu’une princesse pouvait désirer et des douzaines de serviteurs veillaient et répondaient à tous ses besoins.
Mais la princesse n’était pas heureuse. Elle était même très triste. On essayait de toutes les façons de la divertir et de la faire rire, mais la princesse était de plus en plus triste et rien ne réussissait à la faire sourire.
Le roi son père et la reine sa mère étaient très inquiets. Ils ont donc fait venir le grand conseillé du royaume pour lui demander ce qui pourrait guérir la princesse de cette tristesse qui grandissait à chaque jour. Le conseiller dit au roi et à la reine, « Il n’y a qu’une chose qui va permettre à votre fille de guérir de sa tristesse. Elle doit partir et trouver la Montagne de l’étoile du matin. Quand elle l’aura trouvé elle pourra être heureuse. » Le roi demanda au conseiller, « Mais où est cette Montagne de l’étoile du matin ? » Le conseiller répondit, « Je n’en sais rien. Seule la princesse pourrait vous dire dans quelle direction la trouver. »
Le roi fit venir sa fille et lui raconta ce que le conseillé lui avait dit. La princesse n’avait jamais entendu parler de cette Montagne de l’étoile du matin, mais aussitôt que son père le roi fini de parler elle s’exclama, « C’est cela ! Oui, je le sens dans mon cœur, il faut que je trouve cette montagne. Alors, je ne serai plus triste. Je pourrai vivre heureuse. » Elle voulait partir immédiatement à la recherche de cette montagne mystérieuse. Le roi dû insister pour qu'elle attende qu’une caravane soit préparée et munie de provisions et de tout ce qui serait nécessaire pour un tel voyage.
Le lendemain, la caravane était prête pour le départ. Le roi avait chargé le général de ses armées d’accompagner et de protéger la princesse. Celui-ci demanda à la princesse, « Votre altesse, dans quelle direction devons-nous aller ? » La princesse garda silence pendant quelques minutes puis pointa dans la direction du Grand Désert. Le visage du général devint blême comme un drap et il répondit, « Mais votre altesse, l’ennemi se trouve dans le Grand Désert. Si nous prenons cette direction nous serons certainement attaqués. » La princesse répliqua simplement, « Je sens dans mon cœur que la Montagne de l’étoile du matin se trouve au-delà de ce désert. Il faut que je la trouve, sinon je ne serai jamais heureuse. » Le général, malgré ses inquiétudes, ne voulait pas déplaire à la princesse. Il prit donc la route du désert à la tête de ses troupes et de la caravane.
Au bout de quelques jours, comme l’avait craint le général, l’ennemi attaqua.
Tous les soldats furent tués. L’ennemi s’enfuit avec les chameaux, les
provisions d’eau et de nourriture et tout ce que transportait la
caravane. Le général des armées, qui était mortellement blessé, implora
la princesse, « Votre altesse, il faut que vous retourniez vers le royaume
du roi votre père. Il n’y a plus personne pour vous protéger et vous ne pourrez
survivre dans le désert sans vivres et sans eau. » Mais la princesse,
regardant au loin, dit simplement, « Il faut que je poursuive ma route et
que je trouve la Montagne de l’étoile du matin. Autrement je ne serai jamais
heureuse. » Elle se mit donc à marcher dans la direction que lui indiquait
son cœur.
Sans eau ni nourriture, brûlé par le soleil, elle ne marcha pas bien longtemps avant d’être complètement épuisée. Elle s’écroula par terre à bout de force. Là, elle aurait bien voulu dormir pour se reposer, mais elle leva les yeux et elle les vit au loin : la montagne, l’étoile ! Elle trouva en elle-même assez de force pour se relever et pour poursuivre sa route.
Plusieurs jours plus tard – elle ne savait trop comment cela
s’était produit – elle se retrouva de l’autre côté de la Montagne de l’étoile
du matin. Elle était dans une pauvre chaumière. Des paysans l’avaient
trouvé inconsciente au pied de la montagne. Ces paysans avaient bon cœur et
prirent soin de la princesse jusqu’à ce qu’elle ait repris ses forces. Ils ne
savaient pas qui elle était. Elle était en haillon et noirci par le dur soleil
du désert quand ils l’avaient trouvée. Rien dans son apparence ne laissait
deviner qu’elle était une princesse.
La princesse repris ses forces physiques. Mais quelque chose d’autre se produit
plus profondément en elle. Grâce à la bonté des paysans qui l’accueillaient
telle qu’elle était, elle guérit intérieurement. La tristesse qui avait
pesé sur elle pendant bien des années la quitta lentement.
Elle était tellement heureuse qu’elle ne pensait même pas à
retourner à sa vie de princesse. Son cœur était rempli de reconnaissance pour
la bonté des paysans qui l’avaient accueilli et pris soin d’elle. Elle décida
d’aller trouver le roi du nouveau royaume dans lequel elle vivait maintenant
pour le remercier de ce que ses sujets avaient fait pour elle.
Elle se rendit donc au palais du roi où elle fut conduite dans la salle des audiences. Elle y entra à pas hésitants, la tête baissée comme une bonne paysanne. Alors, une voix familière se fit entendre, « Tu nous es revenue, ma fille. » Elle leva les yeux et, à sa grande surprise, elle vit son père le roi et sa mère la reine assis sur leurs trônes. Sans s’en rendre compte, sa route dans le désert l’avait reconduit chez elle.
Sans que tu le saches, au fond de toi dors une espérance, celle d'être aimé pour toi-même, et tu ne peux en faire l'expérience qu'en étant dépouillé de tout ce qui n'est pas toi. - Yves Girard, Aube d'humanité
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