Si l’on
posait la même question à un groupe d’adultes aujourd’hui au sujet de l’abandon
de personnes blessées par la maladie, la fragilité, l’isolement et les pauvretés
de toutes sortes, quelles seraient les réponses « raisonnables » qu’ils
nous donneraient? Les mêmes sans doute et quelques autres en plus : « Je
ne sais pas comment soigner ces blessures. Mes assurances ne me couvriraient
pas si je le faisais. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Vaut mieux
laisser le soin des blessés de la vie aux mains des professionnels et des
institutions! »
Je me suis aussi posé une deuxième question : « Qui sont les blessés, les personnes malades à soigner dans le texte de Luc? » L’homme abandonné sur le bord de la route évidement. Mais peut-être aussi toutes les autres personnes dans le récit : le docteur de la loi qui demande à Jésus, « Qui est mon prochain? » et qui veut ainsi mettre des limites à la compassion; le prêtre et le lévite qui ont le cœur sclérosé au point de trouver « raisonnable » leur abandon d’un homme qui a besoin de leur aide; et aussi le Samaritain qui laisse son coeur être blessé par la situation et ne peut pas ne pas agir. Il y a sans doute un autre grand « blessé » dans ce texte : Jésus, qui voit tous les coeurs et les corps malades et qui veut les soigner.
Postscriptum: Après avoir publié cet
article ce matin, un ami me signalait que dans l'hymne des Laudes de ce matin
il y avait ceci:
Jésus, qui m'as brûlé le cœur
Au carrefour des Écritures,
Ne permets pas que leur blessure
En moi se ferme :
Tourne mes sens à l'intérieur.
Force mes pas à l'aventure,
Pour que le feu de ton bonheur
À d'autres prenne !
Il y a des
blessures dont il ne faut jamais « guérir », entre autres, celle qui
nous brise le cœur quand nous voyons un frère ou une sœur souffrir seule.
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