Wednesday, 5 May 2021

Des réponses bien "raisonables"

Le dialogue entre Jésus et un docteur de la loi dans la parabole du Bon Samaritain m’est revenu en mémoire au courant de la nuit. Une des questions que je me suis posé est la suivante : « Pourquoi le prêtre et le lévite ne s’arrête pas pour aider l’homme blessé sur la route entre Jéricho et Jérusalem? » Je suis allé fouiller sur Internet pour une réponse et je suis tombé sur le site Web des Dominicains de France, Théobule, un site pour les enfants de 5-11 ans. Théobule est un petit chien en peluche et, dans une vidéo, il pose cette question à un des frère Dominicain qui lui répond que le prêtre et le lévite sont des hommes très occupés et pensent qu’ils n’ont pas le temps de s’arrêter. Ils craignent aussi que ce pourrait être dangereux de s’attarder sur une route où il y a des brigands. Des réponses bien « raisonnables ».

Si l’on posait la même question à un groupe d’adultes aujourd’hui au sujet de l’abandon de personnes blessées par la maladie, la fragilité, l’isolement et les pauvretés de toutes sortes, quelles seraient les réponses « raisonnables » qu’ils nous donneraient? Les mêmes sans doute et quelques autres en plus : « Je ne sais pas comment soigner ces blessures. Mes assurances ne me couvriraient pas si je le faisais. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Vaut mieux laisser le soin des blessés de la vie aux mains des professionnels et des institutions! »

Je me suis aussi posé une deuxième question : « Qui sont les blessés, les personnes malades à soigner dans le texte de Luc? » L’homme abandonné sur le bord de la route évidement. Mais peut-être aussi toutes les autres personnes dans le récit : le docteur de la loi qui demande à Jésus, « Qui est mon prochain? » et qui veut ainsi mettre des limites à la compassion; le prêtre et le lévite qui ont le cœur sclérosé au point de trouver « raisonnable » leur abandon d’un homme qui a besoin de leur aide; et aussi le Samaritain qui laisse son coeur être blessé par la situation et ne peut pas ne pas agir. Il y a sans doute un autre grand « blessé » dans ce texte : Jésus, qui voit tous les coeurs et les corps malades et qui veut les soigner.

Postscriptum: Après avoir publié cet article ce matin, un ami me signalait que dans l'hymne des Laudes de ce matin il y avait ceci:

Jésus, qui m'as brûlé le cœur
Au carrefour des Écritures,
Ne permets pas que leur blessure
En moi se ferme :
Tourne mes sens à l'intérieur.
Force mes pas à l'aventure,
Pour que le feu de ton bonheur
À d'autres prenne !

Il y a des blessures dont il ne faut jamais « guérir », entre autres, celle qui nous brise le cœur quand nous voyons un frère ou une sœur souffrir seule.

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