Monday, 10 May 2021

Mes yeux ont vu...

Il y a un livre qui est dans ma bibliothèque depuis plus de 40 ans : Je veux voir Dieu de Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, un carme déchaux béatifié il y a quelques années. Je sais que je l’ai acheté et gardé si longtemps, en grande partie, à cause du titre. Le désir de voir Dieu m’habite depuis très longtemps. Même pendant les années où je m’affichais comme « athée », ce désir s’exprimait sous forme d’une recherche de vérité et de sens. Plus tard, c’est en méditant la Parole de Dieu et dans la prière silencieuse que j’ai cherché à le combler.

Un des personnages dans l’Évangile de Saint Luc m’a toujours fasciné sans que je ne comprenne pourquoi : le vieillard Syméon qui, inspiré par L’Esprit Saint, se rend au temple où il rencontre Marie et Joseph qui sont là pour consacrer l’enfant Jésus au Seigneur. (Luc 2, 27-33) Je comprends maintenant que cette fascination venait du fait que je percevais en lui la même soif de voir Dieu qui m’habitait. Ce passage de la Bible allumait en moi l’espérance que, comme lui, moi aussi je pourrais un jour dire, « J’ai vu le salut que tu préparais à la face des peuples. »    

Récemment, un ami me demandait ce qui m’avait initialement attiré à SASMAD (Service d’accompagnement spirituel des personnes malades et âgées à domicile). La réponse que je lui ai donnée est que j’ai reconnu dans ce service quelque chose qui m’habite depuis longtemps : le même désir de visiter les personnes les plus fragiles au nom de et à la manière de Jésus. J’accompagne présentement dans leur formation les personnes qui deviendront bientôt bénévoles de SASMAD à Ottawa. En fin de semaine pendant une des sessions de la formation de base, je les écoutais, émerveillé de ce que je voyais en elles : une grande générosité et disponibilité, une profondeur de foi étonnante, une capacité d’écoute, de compassion et de tendresse de toute beauté… J’ai aussi revu les visages des bénévoles qui avaient suivi avec moi la première formation de base à Ottawa il y a quelques mois. Elles aussi m’avaient émerveillé pour les mêmes raisons.  

C’est alors que j’ai compris que ce que j’aurais dû répondre à mon ami n’était pas: « J’ai reconnu quelque chose… », mais plutôt, « J’ai reconnu quelqu’un… » Dans toutes ces personnes qui s’engagent à être la présence de Jésus auprès des personnes les plus isolées dans notre milieu, ce sont les traits du visage du Christ que je reconnais. SASMAD n’est encore qu’un petit enfant à Ottawa. Il vient à peine de naître. Mais déjà il a les traits du visage de Jésus qui habite nos cœurs et notre désir le plus profond. Comme Syméon, moi aussi je peux maintenant dire que mes yeux ont vu le visage de Dieu ici à Ottawa.   

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