Je suis allé voir mon frère François de nouveau ce matin. Depuis longtemps, il ne me parle plus, ne me reconnais jamais et dort la plupart du temps quand je vais le voir. Alors pourquoi continuer à le faire? C’est la question que je me posais ce matin quand je roulais vers la résidence de soins de longue durée où il habite. La réponse qui est montée en moi est, « Gilles, tu pars en pèlerinage à chaque fois que tu vas voir ton frère. »
Un pèlerinage, c’est certainement une image appropriée pour ces visites. Il y a la route à parcourir : 20 minutes aller et 20 minutes retour et les quelques blocs à marcher une fois que j’ai stationné la voiture. Il y a le rituel à suivre: mettre un masque et une visière en entrant dans l’édifice, me présenter au bureau pour que l’on prenne ma température et que je récite le credo d’usage, « Je n’ai pas de toux, de mal de gorge, de nausée… » Il y a les rites de purification obligatoires, le lavement des mains, un test de COVID-19 rapide : « Ouvrez la bouche… et maintenant pour le nez. » Il y a l’attente pour les résultats, un quinze minutes de méditation silencieuse… Il y a enfin l’entrée dans l’enceinte sacré, la chambre à coucher où se trouve mon frère endormi sur son lit. Il y a même de la musique liturgique – un préposé a ouvert la radio dans sa chambre à un poste de musique Gospel… Il y a le moment de la communion: la demi-heure que je passe avec lui. Les longs silences entre-coupés de quelques paroles : « C’est moi, François. Je suis content d’être ici avec toi. Je suis heureux de te voir. Je t’aime beaucoup. » Il y a un cœur à cœur, une rencontre du cœur profond de François et de mon cœur profond – ce cœur caché où Dieu nous habite tous les deux et où il nous permet de nous rencontrer. Et j’entends le chant à la radio qui proclame, « I know my redeemer lives. – Mais je sais, moi, que mon rédempteur est vivant » (Job 19,25) Oui, mes visites à François sont un pèlerinage de foi.
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