« Aimez vos ennemis, et priez pour
ceux qui vous persécutent… »
L’ennemi a pris bien des visages au courant
de ma vie. Quand j’étais enfant, l’ennemi était l’adulte qui ne pouvait pas
accepter que je fusse un petit gars qui faisait des choses de petit gars :
celui qui voulait que je prenne le moins de place possible et que je ne le
dérange pas. Plus tard, l’ennemi était celui qui ne faisait pas partie de mon
clan, qui était plus fort que moi et qui pouvait m’attaquer. Adolescent,
l’ennemi est devenu celui qui brimait mon désir d’autonomie et d’indépendance. Devenu
adulte, mes ennemis étaient ceux qui ne pensaient pas comme moi et qui
cherchaient à m’imposer leur façon de voir et de faire les choses.
La télévision, les journaux, le cinéma et des
manuels scolaires ont aussi contribué aux visages multiples de l’ennemi dans ma
vie. Et chaque jour, tous les médias me proposent de nouveaux visages. Je les vois défiler devant mes yeux : les « bons » d’un
côté et les « méchants » de l’autre; ceux qui ont de la valeur ici,
les méprisables là; les gagnants sur le podium, les perdants dans l’ombre.
En vieillissant, mon regard se transforme lentement. Aujourd'hui, là où je ne voyais qu'un ennemi à craindre, à fuir ou à attaquer, je vois de plus en plus un frère ou une sœur qui, comme moi, a besoin de pardon et d’un amour gratuit, absolument gratuit.
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