Tuesday, 28 December 2021

The Alphabet of our Lives

I love telling stories, but I also enjoy hearing or reading a good story. Father Ron Rolheiser is a master storyteller and that is one of the reasons I enjoy reading what he writes. I am currently reading one of his books: Our One Great Act of Fidelity: Waiting for Christ in theEucharist. Below, I share one of the stories he uses in that wonderful little book.

There is a story told about a Jewish farmer who, because he was careless, had to spend a Sabbath day in his field. Preoccupied with his work, he had let the sun go down without going home. Now, being a pious believer, he was not allowed to travel until sunset the next day. So he spent the day in the field, by himself, missing both the Seder meal with his family and the services at the synagogue. When he finally did return home the next evening, he was met by an irate wife and an equally upset rabbi. The rabbi chided him for his carelessness and asked him, "What did you do in the field by yourself all day? Did you at least pray?"

"Rabbi," the farmer answered, "I'm not a very smart man and I don't know many prayers. All the prayers I knew, I said in five minutes. What I did the rest of the day was simply recite the alphabet. I left it up to God to make some words out of all those letters."

Father Rolheiser then concludes: "We leave it to God to make the words out of the alphabet of our lives."

Monday, 27 December 2021

Garder dans son coeur

Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur !  Psaume 83,6

Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Luc 2, 51

S’appuyer entièrement sur le Seigneur, par contraste à sur sa pensée ou son agir, c’est « ouvrir des chemins » à l’Esprit pour que sa puissance puisse s’infiltrer dans notre cœur. « Garder dans son cœur » est à la fois se tourner vers le Seigneur qui est notre rocher et notre forteresse et être sans cesse ouverture à l’action de l’Esprit. Ce n’est pas un processus de raisonnement ou de réflexion, mais un "oui" à ce qui nous advient qui laisse l’Esprit accomplir ce qu'il veut en nous.

Quand j’essaie d’encercler les événements trop vite par ma penser, quand je cherche à les nommer avant qu’ils n’aient eu le temps de me pénétrer profondément, quand je me précipite pour leur imposer mon agir, je les vole de leur rôle, celui de laisser parler l’Esprit à mon cœur au travers eux.

Friday, 17 December 2021

J'ai soif

J’ai trouvé cette image du visage de Jésus par hasard il y a presque 30 ans de cela. Cette sculpture en bois ravagé par le temps m’a toujours interpellée et ne manque jamais d’éveiller en moi un désir de m’arrêter et de demeurer en silence quelques minutes pour la contempler. Pourquoi est-elle si fascinante pour moi?

Elle évoque sans doute les paroles de Jésus sur la croix, « J’ai soif! ». Mais je suis conscient que c’est aussi ma soif qui s’éveille pour se joindre à la sienne quand je regarde ce visage sillonné de profondes crevasses. J’ai alors le sentiment de faire face non plus à de « petites soifs » qui peuvent être facilement altérées de l’extérieur mais à une soif qui m’habite en profondeur au cœur même de qui je suis. J’entrevoie aussi souvent cette même soif dans le regard des personnes que je côtoie à chaque jour.

Je crois que cette soif est celle que le psalmiste a mis en mots :

« Mon âme a soif de toi, Seigneur mon Dieu. » Psaume 62


 

Monday, 13 December 2021

Prière d'intercession

Depuis plusieurs années, nous avons un petit groupe de prière d’intercession pour les personnes malades dans notre paroisse. Quand quelqu’un demande des prières pour elle-même ou pour un membre de sa famille, j’envoie un courriel aux personnes qui font partie de ce groupe d’intercession pour leur en faire part. Le plus souvent, quand je fais cette demande, j’utilise une petite formule : « Veuillez porter cette personne dans vos prières. » Prier pour une personne malade c’est faire ce que les quatre porteurs de brancard ont fait pour le paralytique en Marc 2, 1-12. C’est la porté et la déposer en présence de Jésus, pour que celui-ci la guérisse.

Une prière d’intercession n’est pas une recherche des bons mots pour attirer le regard de Jésus sur la personne malade ou pour le convaincre de lui accorder sa faveur. Elle n’est pas une tentative de rejoindre un Dieu un peu trop distrait ou dur d’oreille. Le brancard dont nous disposons n'est pas fait de mots pieux. Il est celui de l’amour que nous avons pour la personne malade,  « l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Romains 5,5) Intercéder pour une personne malade, c’est la porter et la déposer dans cet Amour.  

Wednesday, 8 December 2021

Le vieux moine et ses disciples

Je suis en train de lire un beau petit livre de Pierre Goudreau, évêque de Sainte-Anne-de-la-Pocatière au Québec, qui a pour titre Quand Jésus pose son regard sur moi. J'avais le goût d'en partager quelques pages avec vous:

Notre manière d'entrer en relation avec l'autre et d’être sensible à ce qu'il vit en dit long parfois sur notre capacité d'être compatissant. Ce récit en donne un exemple éloquent.

Après une longue période de vie commune, passée dans l'étude et la méditation, trois disciples avaient quitté leur vieux maître pour entreprendre leur mission dans le monde.

Au bout de dix ans, les trois disciples rentrèrent et rendirent visite å leur maître. Le vieux moine les fit asseoir autour de lui, sa santé ne lui permettant plus de se lever. Chacun se mit à raconter son expérience.

« Moi, commença le premier, avec une pointe d’orgueil dans la voix, j'ai écrit beaucoup de livres j’en ai vendu des millions d'exemplaires. »

« Tu as rempli le monde de papier », dit le maître.

« Moi, dit le second avec fierté, j'ai prêché à des milliers d'endroits. »

« Tu as rempli le monde de paroles », dit le maître.

« Moi, ajouta le troisième, je t'ai apporté ce coussin afin que tu puisses y étendre sans douleur tes jambes malades. »

« Toi, sourit le maître, toi, tu as trouvé Dieu! »

Cette histoire montre que si nous sommes centrés sur nous-même, sur nos exploits, nous ne voyons pas la fragilité de l’autre. Par contre, si nous acceptons de sortir de nous-mêmes pour nous rendre disponibles à notre prochain et pour être attentif à ses besoins, notre compassion devient un élan naturel du cœur envers lui.

Monday, 6 December 2021

Devenir le visage de Jésus

Récemment, en préparation pour des rencontres d’équipes SASMAD, j’ai trouvé un texte de F. Chagneau sur la prière qui me semblait approprié pour entamer ces rencontres. Voici un extrait de ce texte :

« Connaître Dieu, ce n’est pas entrer en possession de l’idée de Dieu. C’est se laisser rencontrer par QUELQU’UN qui envahit toute notre intimité. Connaître Dieu, c’est chercher Son Visage dans le recueillement de la prière. La prière est une recherche explicite du Visage de Dieu.

Contempler le Visage de Jésus-Christ dans le secret de la prière c’est avoir la révélation d’une Présence, c’est avoir la révélation de l’Amour, c’est apprendre à se laisser aimer par Lui, c’est apprendre à vivre en son intimité, c’est goûter le vrai bonheur. 

C’est dans le recueillement et la prière que se révèle le vrai Visage de Jésus. »

Je me suis pourtant demandé pourquoi utiliser ce texte plutôt qu’un autre qui reflèterait davantage le temps de l’Avent dans lequel nous nous trouvons. Ce texte de Chagneau habite ma prière depuis plusieurs jours et voici ce qu’il semble me dire.

Une personne bénévole SASMAD est appelé à être le visage de Jésus pour les personnes malades ou âgées qu’elle visite. Pour répondre à cet appel, il ne suffit pas de jouer un rôle, comme les acteurs de l’antiquité grecque qui mettaient des masques pour représenter les personnages qu’ils jouaient. Il faut que mon visage devienne celui de Jésus et que ce soit lui qui en moi accueille, écoute et aime la personne que je visite. On ne peut pas improviser cela. Il n'est pas suffisant de simplement se dire, « Aujourd’hui, je serai le visage de Jésus quand je rencontrerai monsieur Untel ou madame Unetelle. » Pour être le visage de Jésus en réalité il faut beaucoup plus que cela.

Il y a un petit conte que j’ai lu quand j’étais étudiant à l’université et dont j’oublie l’auteur. Il m’est remonté en mémoire en méditant sur cette question :

Un jeune berger menait souvent ses brebis dans une vallée qui se trouvait au pied d’une petite montagne. Il aimait cet endroit parce que le pâturage y était abondant. Mais ce qui l’attirait surtout était le visage d’homme que le vent et la pluie avaient sculpté dans un rocher sur le flanc de la montagne. Ce visage fascinait le jeune garçon et il passait des heures à le contempler. 

Les années passèrent. Un jour, alors que le berger se penchait pour boire dans un étang, il vit la face de l’homme dans le rocher. Il se retourna pour mieux la voir, mais elle n’était pas derrière lui. Le berger se souvint alors qu’il était très loin de la vallée qu’il aimait fréquenter. Il regarda de nouveau dans l’eau calme de l’étang et constata que le visage qu’il y avait entrevu était le sien. Il était devenu ce qu’il avait si longuement contemplé.

Prier, ce n’est pas « dire des prières », c’est un face à face avec Jésus. C’est être, littéralement, « fasciné » par lui et passer du temps avec lui pour découvrir petit à petit les traits de son visage : sa tendresse, sa compassion, son humilité… Plus nous faisons cela, plus nous laissons le Seigneur nous transformer en faisant « briller son visage » sur le nôtre. Notre visage devient alors graduellement la transparence du visage de Jésus pour les personnes que nous rencontrons.

C’est l’Esprit qui sculpte les traits du visage de Jésus sur le nôtre et nous fait devenir semblable à Lui quand, jour après jour et année après année, nous prions et nous ouvrons notre cœur à la Parole de Dieu.

Ce texte de Chagneau est donc certainement approprié pour l'Avent. Il nous invite à attendre en prière une nouvelle naissance de Jésus, celle qui advient quand notre visage devient semblable au sien.

“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
  Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce !
  Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !”

                                                                    Nombres 6, 24-26

Thursday, 2 December 2021

La puissance de Dieu se déploie dans ma faiblesse

Quand nous sommes revenus à Ottawa après avoir quitté Kelowna en 1999, nous nous sommes installés dans un petit bloc appartement. Nos voisins d’en bas était une jeune famille que nous aimions bien. Il y avait deux enfants dont le plus jeune, un garçon de 4 ou 5 ans, avait quelquefois l’habitude de manifester sa frustration en hurlant d’une voix stridente.

Un jour qu’il était en train de jouer dans la cour arrière, je l’ai entendu crier avec tant de force que j’étais convaincu que c’était un cri de détresse. Sans hésitation je suis sorti de chez moi à toute allure pour lui venir en aide. Quand je l’ai vu, je lui ai demandé s’il s’était fait mal. Sa mère qui, évidemment, le connaissait beaucoup mieux que moi m’a répondu, « Il n’y a pas de problème. Il est tout simplement frustré. »

Devant la souffrance d’un autre, il est normal d’instinctivement vouloir agir, venir en aide, soulager et consoler. Cela est un réflexe qui est inscrit profondément en nous. Mais que faire quand nous constatons que nous sommes impuissants à changer les choses?   

Il y a plus de trente ans j’étais bénévole pour le service de pastorale d’un centre de soins de longue durée. Je rendais visite aux résidents. Lors d’une de ces visites j’ai vu une personne avec qui j’avais travaillé quelques années auparavant. Nous avions été amis mais je ne l’avais pas revue et je n’avais pas eu des nouvelles d’elle depuis un bout de temps. Elle était émaciée. Ses bras, ses jambes et ses mains étaient tordus de façon grotesque (je sais que le mot est fort, mais c’est le mot qui décrit le mieux ma perception initiale). Je l’ai visité à plusieurs reprises dans les mois qui ont suivi. Je ne me suis jamais senti si impuissant dans une situation. Je me sentais mal quand je la voyais parce que je ne savais pas comment réagir et je me sentais coupable de ne pas savoir comment lui être plus présent. Je me souviens même d’avoir ressenti de la colère face à elle, non pas parce qu’elle l’avait provoquée, mais parce que sa condition mettait en évidence mon impuissance et je n’arrivais pas à accepter celle-ci. Malgré mon désir d’être là pour mon amie et de soulager sa souffrance, mon sentiment d’impuissance dressait parfois un mur entre moi et elle.

Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai compris que mon impuissance devant des situations difficiles pouvait prendre un tout autre visage. Depuis quelques années, je prends de plus en plus conscience que je peux donner mon impuissance à Dieu et que c’est un cadeau qu’il accepte avec joie. Cela me libère et me permet d’accueillir plus pleinement la personne qui est devant moi telle qu’elle est et avec tout ce qu’elle vit. Cela me permet aussi de laisser Dieu agir là ou moi je ne peux pas en sachant que la puissance de Dieu se déploie dans ma faiblesse (2 Corinthiens 12,5). 

Friday, 26 November 2021

"Mettez lui le plus beau vêtement"

Quand on croise quelqu’un qui a une forte odeur de transpiration on a instinctivement un mouvement de recul. Devant des situations de scandale, il est aussi normal de faire de même, surtout quand le scandale nous touche de prêt. « Cela pu à plein nez! » C’est une des expressions qu’on emploie pour décrire des situations scandaleuses. D’instinct, on cherche à se distancier des personnes qui sont impliquées dans ces scandales, qu’elles en soient directement responsables ou non. Dans cette prise de distance, nous sommes tentés de pointer l’autre du doigt et de penser ou même de le dire ouvertement, « Je ne suis pas comme toi. »

La nuit dernière, je pensais aux scandales qui éclatent l’un après l’autre depuis des années dans l’Église Catholique canadienne et du mouvement de recul que je ressens parfois face à ceux-ci. Ces scandales m’éclaboussent et j’ai l’impression de sentir mauvais moi aussi simplement parce que je suis catholique. Je vois ce mouvement de recul aussi chez mes amis et je comprends pourquoi certains sont tentés de prendre leur distance et même de couper les liens.

En réfléchissant à tout ceci aux petites heures du matin, c’est le texte de l’enfant prodigue qui m’est revenue en mémoire. Je pensais au fils cadet qui revenait chez lui. Il portait des vêtements qui, sans doute, sentaient à plein nez la porcherie. Je voyais le père le prendre dans ses bras et l’embrasser sans la moindre hésitation. Quand, ensuite, il instruit les serviteurs d’apporter le plus beau vêtement, ce n’est pas parce que les haillons que portent son fils le dégoûte, mais uniquement parce qu’il veut le revêtir de son amour.

J’ai aussi revu le fils ainé qui, la parabole nous dit, rentrait des champs. Son mouvement de recul, sa colère et son refus d’entrer dans la maison était bien compréhensible. Pourtant, après une longue journée de travail avec le troupeau, lui non plus ne devait pas sentir les roses. Lui aussi avait besoin de l’étreinte et du baiser du père. Lui aussi avait besoin d’être revêtu du plus beau vêtement, celui de la miséricorde.

Mon frère est pécheur comme moi je le suis aussi et je vis dans une église de pécheurs. Ce n’est pas en la fuyant que je mettrai une distance entre moi et le scandale du péché. C’est en mettant mon bras autour du cou de mon frère et en me laissant avec lui embrasser par le Père que je serai avec lui revêtu de son Amour.

Wednesday, 24 November 2021

Loups déguisés en brebis

Quand j’avais quatre ou cinq ans mes frères et moi avons été placé en pension pendant quelques mois. Un incident pendant cette période est resté graver dans ma mémoire. Je me revois dans une grande salle, un de ces vieux gymnase avec, au fond, une plateforme de scène. La salle était remplie d’hommes que je ne connaissais pas. Ils faisaient tous face à la scène sur laquelle se tenait un homme qui tirait d’un grand sac des cadeaux pour les enfants qui, l’un après l’autre, montaient sur scène pour les recevoir quand ce monsieur « père Noël » les appelait au micro. Quand j’ai entendu mon nom et qu’une main m’a poussé vers l’estrade, j’était surpris. Je me demandais comment ces étrangers pouvaient connaitre mon nom. Je suis monté timidement sur scène et me suis dirigé vers le « père Noël » qui m’a remis un camion de pompier tout neuf. Ce n’est pas ce « cadeau » que je revois quand le souvenir de cet événement remonte à la surface, c’est le regard de cet homme. Au lieu du sourire qui m’aurait réconforté, je pouvais y voir autre chose : de la pitié.

En revoyant cette scène dernièrement, je me demandais pourquoi ce regard m’avait tellement marqué. Je pense avoir finalement compris. Cet homme ne me regardait pas. Il ne voyait que l’objet de sa pitié. Le « cadeau » qu’il m’offrait n’était pas un signe d’amour pour moi, mais une manifestation de sa « générosité ». Ce regard qui faisait de moi un objet de sa condescendance contenait autant de violence que s’il m’avait heurté de toutes ses forces avec son poing.

Il y a des façons d’offrir de l’aide aux autres, de faire la charité, de se dévouer pour une cause ou de se mettre au service de quelqu’un qui ne sont en réalité qu’une violence déguisée en bonté.

Je n'écris pas ceci pour pointer du doigt. Si je fais des autres l'objet de ma condamnation, je tombe dans le même piège et mon regard devient aussi violence. J'écris ceci pour mettre mon propre coeur en garde contre cette violence. 

Wednesday, 17 November 2021

Écouter en profondeur

Un journaliste : « Quand vous priez, que demandez-vous à Dieu? »

Mère Teresa de Calcutta : « Je ne parle pas, j’écoute. »

Le journaliste : « Et qu’est-ce que Dieu vous dit quand vous priez? »

Mère Teresa : « Il ne parle pas, il écoute aussi. »

Mon frère François ne parle plus depuis des années. Avec lui, les mots sont inutiles parce qu’il n’en a plus à m’offrir et que les miens ne le rejoignent plus. Sa démence nous a dépouillé tous les deux des moyens que nous avions auparavant pour communiquer. Et pourtant, je sens que le lien qui existe entre nous est plus profond qu’il ne l’a jamais été. Je suis de plus en plus capable de l’accueillir tel qu’il est sans attendre autre chose de lui que d’être le frère que j’aime.

Ce que cela m’a permis de comprendre, c’est qu’une vraie communication avec une autre personne commence bien avant les mots et avant les gestes. Pour écouter, il ne suffit pas de se taire, il faut entrer en communion avec ce qui existe avant tout ce qui parait en surface. Écouter c’est entrouvrir la porte à cette profondeur qui se trouve en l’autre et en moi-même et c’est attendre patiemment et avec le plus grand des respects que la rencontre s'y produise. Le silence n’est pas absence de communication, mais condition pour que celle-ci se produise et qu'elle soit authentique. 

Monday, 15 November 2021

Manquer de respect... en deux langues

La semaine dernière, j’ai reçu la troisième dose du vaccin contre la COVID-19 mercredi et le vaccin contre la grippe vendredi. Pour le premier, j’étais seul. Diane était avec moi pour le second.

Quand je me suis présenté au centre de vaccination mercredi, la personne à la réception m’a accueilli en anglais seulement mais m’a demandé si je voulais faire l’enregistrement en anglais ou en français. J’ai évidemment opté pour le français. Une fois l’enregistrement complété, on m’a dirigé vers un jeune homme qui avait la tâche de m’assigner la personne qui injecterait le vaccin. Le jeune homme m’a demandé non pas en quelle langue je préférais être servi, mais si cela me dérangerait d’être servi en anglais parce qu’il n’y avait pas beaucoup de personnel francophone. Comme d’habitude dans ce genre de situation, j’ai ressenti une légère impatience en entendant sa question. Le jeune homme était anglophone et se débrouillait avec difficulté en français. J’ai résisté à la tentation de lui dire, « Et toi, comment te sentirais-tu si on te demandait si tu voulais être servi en français dans un service qui, légalement, devrait être offert dans les deux langues. Ne comprends-tu pas le manque de respect sous-jacent à ta question. » J’ai hésité en sachant que si j’insistais pour le français, je risquais d’attendre plus longtemps. J’ai tout de même dit que, si c’était possible, je préférerais pouvoir faire la démarche en français. Heureusement, une infirmière francophone était disponible immédiatement.

Vendredi, Diane et moi nous sommes présentés ensemble au même endroit pour recevoir le vaccin contre la grippe. Cette fois, la personne à la réception ne parlait pas du tout français mais nous a tout de même demandé notre préférence quant à langue dans laquelle nous voulions être servis. Notre réponse nous a mérité une attente de quelques minutes. Ensuite, il y avait un document à remplir qui, d’après la personne qui nous l’a remis, n’existait qu’en anglais. Quand Diane a insisté pour qu’on lui trouve une version française, une des personnes à l’accueil est allé vérifier ailleurs et, quelques minutes plus tard, est revenue avec le formulaire en français. Une fois celui-ci rempli, nous nous sommes dirigés vers l’étape suivante. Une autre personne unilingue anglophone nous attendait et nous a dit que nous risquions une attente assez longue parce que l’infirmière (une seule?) qui parlait français était très occupée. Au bout d’une minute, on nous a dit qu’un des médecins disponibles se « débrouillait » en français et que son assistante parlait le français. À notre grande surprise, le médecin en question était notre médecin de famille, celui que nous consultons depuis plus de vingt ans. Nous ne savions pas qu’il parlait français. Il nous a adressé la parole dans un français hésitant, mais relativement bon. Il nous a expliqué qu’il avait fait toutes ses études en français, et qu’à son arrivée à Ottawa il avait travaillé dans un centre médical francophone. Toutefois, ses confrères de travail, en détectant son léger accent anglais, lui adressait automatiquement la parole en anglais. Il a vite perdu le français qu’il avait acquis en faisant ses études.

Quelle tristesse de constater que le « manque de respect » que j’ai ressenti mercredi dernier n’émane pas uniquement des anglophones qui ne comprennent pas l’importance de pouvoir s’adresser dans sa propre langue, mais est aussi celui de francophones qui, comme moi je le fais malheureusement parfois, ne respectent pas toujours les efforts honnêtes d’anglophones pour communiquer avec nous dans notre langue.

Sunday, 14 November 2021

What are the odds?

I have never bought a lottery ticket, not even one. I am not a gambling man. I would buy the occasional raffle tickets when a student or a friend approached me to do so, but I did so not because I hoped to win, but because I wanted to contribute to their hockey team or whatever charitable cause they were promoting. When I did that, I would always read the list of prizes to be won on the ticket and jokingly say, “This is the prize I want, and I want you to deliver it to me on the day of the draw!” No prize ever came, and I did not expect one to materialize either.

I have been extremely busy since the end of August and, toward the end of October, the pace was starting to feel a bit overwhelming, so much so that I remember praying to God, “This is too much Lord, I can’t keep on doing this!’ Even though things have slowed down this month, I still had 8 scheduled appointments this past week. Four of these were primarily to take care of my personal needs and four were aimed at taking care of other people’s needs. Strangely enough, every single one of the latter, and only these, were canceled, not by me, but by the people I was to meet. What are the odds of that happening? The question popped into my mind, and I could not resist checking on the Internet to see if I could find an answer. Turns out that the odds are 1 in 256. Coincidence? Possibly. I prefer to think that God was answering my prayer and saying, “It’s OK to take care of yourself once in a while.”

I am not a gambling man. The odds of God wanting what is best for me because He loves me are 100%. I like those odds!

Tuesday, 9 November 2021

Le regard de Jésus

La solitude et la souffrance ont le don de trouver des déguisements ingénus et de se faufiler dans les contenances les plus variées. Qu’est-ce qui se cache derrière la timidité de l’un, l’activité frénétique d’un autre, le besoin d’attention et de réussite de plusieurs? Quels désirs crucifiés et enterrés gisent sous ces cœurs endurcis, ces esprits cyniques ou méfiants, ces regards remplis de haine et de violence. Quelles hantises habitent nos tentatives de fuite dans des divertissements abrutissants, des stupéfiants de toutes sortes et l’émiettement de nos jours et de nos énergies.

Le regard de Jésus savait percer ces déguisements. Au jeune homme riche qui désirait toujours plus, jusqu’à tenter d’acquérir le royaume à coup de vertu, il lui dit de tout vendre, y inclus ses bonnes actions, pour devenir un disciple qui n’a pas d’autre richesse que son maître. À Nicodème en quête de sagesse dans sa nuit obscure, il propose non pas une tête remplie de connaissances, mais un cœur qui naît de nouveau et qui se met à battre en unisson avec le sien au rythme de l’Esprit. À la Samaritaine qui n’en finissait plus de chercher à altérer sa soif d’être aimé, il révèle une soif beaucoup plus profonde et la seule Source qui puisse la combler. Au brigand qui n’attendait plus que la mort pour fuir les regards accusateurs et les remords d’une vie perdue, Jésus entrouvre la porte qui mène au Paradis, celui que le condamné avait vainement cherché à arracher avec violence toute sa vie à ses victimes sur les routes de la Judée.

Seigneur Jésus, donne-moi ton regard qui démasque tous les visages et permet de voir la beauté qui se cache au fond des cœurs de toutes les personnes que je croise sur mon chemin.

Saturday, 6 November 2021

Illusion optique

Je me dirigeais vers la porte qui mène du couloir intérieur au garage dans notre édifice à condo l’autre jour quand la porte s’est ouverte et un résident est entré. Je voyais dans ses yeux et dans son petit mouvement de recul que je l’avais surpris et qu’il se sentait inconfortable. Il s’est empressé de m’expliquer qu’il avait perdu son masque et de s’excuser de ne pas en porter. Je n’avais même pas remarqué qu’il ne portait pas le masque réglementaire.

Cet homme était tellement préoccupé par la perte de son masque et du « délit » bien accidentel qu’il commettait en entrant dans l’édifice à découvert, qu’il a vu dans mon regard une accusation quand il n’y en avait pas du tout. Son malaise avait coloré et faussé sa perception de la réalité. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander combien souvent je faisais cela moi aussi.

Sunday, 31 October 2021

Venez, les bénis de mon Père…

« Venez, les bénis de mon Père… j’étais malade, et vous m’avez visité…  » Matthieu 25, 35,36

L’invitation de Jésus à visiter les personnes isolées par la maladie ou par la fragilité de l’âge est une invitation à accueillir et à recevoir une bénédiction beaucoup plus qu’une exhortation à faire « une bonne action. » Jésus ne veut pas que nous lui fournissions une preuve que nous méritons notre ciel, comme s’il nous demandait une preuve de vaccination pour entrer dans le Royaume. Si Jésus me lance cette invitation, ce n’est pas parce qu’il veut que je « gagne mon ciel » mais parce que, si je veux trouver Jésus et m’approcher de lui, il faut que je le cherche là où il se trouve : avec les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les mourants, et les pauvres de toutes sortes. (Matthieu 11,5)

De plus, Jésus ne fait pas que souffler l’invitation à mes oreilles. Il dépose sa propre compassion dans mon cœur et c’est celle-ci qui me conduit jusqu’à la personne qui souffre, me fait entrer en relation avec elle et me donne de pouvoir l’aimer de tout cœur. J’accueille alors l’invitation de Jésus, non pas parce que je suis bon, mais parce que la bonté de Dieu m’habite et m’anime. La bénédiction qui me permet de « recevoir en héritage le Royaume » est celle de pouvoir aimer comme il m’a aimé.

Le désir de Jésus est double: oui, il veut que j’aille vers les personnes malades et âgées pour briser leur isolement, pour soulager leur souffrance et pour être pour eux un signe de l’Amour du Père; mais il désire aussi me bénir en me donnant son cœur pour aimer. 

Saturday, 23 October 2021

Souviens-toi...

À chaque fois que je participe à une eucharistie, quand vient le temps de prier pour les défunts, je nomme en silence des personnes qui ont fait partie de ma vie, que j’ai aimé et que j'aime toujours. Cette liste est devenue très longue au cours des années. Il fut un temps où je me demandais pourquoi je prierais pour des personnes qui, j’en ai la certitude, sont déjà en Dieu.  Comment pourrai-je penser autrement de ceux et celles que mon souvenir entoure ainsi de tant d'amour. Maintenant je ne me pose plus cette question. Je sens que ma prière les dépose à chaque fois de plus en plus profondément dans mon propre cœur et, en même temps, les enfouit au plus profond du cœur de Jésus. Là je les reverrai un jour quand viendra pour moi le temps d’entrer dans ce grand Amour. Quelle sera ma joie de les retrouver! Ma prière pendant ces eucharisties est préparation pour une grande fête de famille!

Sunday, 17 October 2021

Wonderful Creation!

 A friend shared this with me recently.

In a grade one catechism class, the teacher was talking about creation and all the amazing things God has created. She asked her class if they could name one wonderful thing God has made. A young lad very candidly and without any bombast intended responded: “Me!”

I think we should all take a page out of this diminutive theologian’s book, look into a mirror and answer the same question, “Can you name one wonderful thing God has made?” 

This is not a trick question by the way. The answer can always be, "Me!" That is not conceit, it is simply the truth.

Sunday, 10 October 2021

Comblé de grace

« Je ne suis pas chapelet. » C’est une expression que j’ai quelque fois entendue et qui, je dois l’admettre, s’applique à moi aussi. Il m’arrive souvent de dire un ou plusieurs « Je vous salue Marie… », surtout quand je suis angoissé ou troublé. Occasionnellement, je récite un chapelet entier en prenant une marche et en égrainant les Ave sur mes doigts. Mais ce n’est pas ma façon usuelle de prier.

Et pourtant, je suis un fils de Marie et je l’ai toujours été. Je l’étais quand, adolescent et jeune homme, ma mère disait des chapelets pour moi parce que j’avais cessé d’aller à la messe et que je me déclarais athée. Je suis convaincu que l’expérience de conversion que j’ai vécu à l’âge de 28 ans était le fruit de ces nombreux chapelets de ma mère.

Je ne suis pas pèlerinage marial non plus. Et pourtant, j’ai passé beaucoup de temps à marcher avec Marie dans la Parole de Dieu. Sa réponse à l’Ange Gabriel a résonné longtemps et résonne toujours dans mon cœur : « Qu’il me soit fait selon ta parole. » Avec elle, j’ai ressenti avec joie le Seigneur se pencher sur moi, me faire miséricorde et me relever. Et j’ai retrouvé Marie auprès de moi à chaque fois que je me suis rendu en prière au pied de la croix pour écouter les dernières paroles de Jésus. Là, avec Jean, j’ai entendu celles-ci, « Voici ton fils. Voici ta mère. »

Je ne suis pas amateur d’apparitions miraculeuses, mais quand le courage, la force, la joie, l’espérance et même l’amour viennent à me manquer, je crois que ces vides et ces faiblesses en moi seront comblés si je donne le trop peu que j’ai et que je « fais tout ce que Jésus me dira. »

En cette fête de l’Action de grâce, mon cœur est rempli de gratitude en pensant que Jésus m’a fait cadeau de sa mère et que je suis réellement son fils.  

Thursday, 30 September 2021

Scandal

Today, after reading a newspaper article, I remembered the first time I was deeply scandalised in a parish I attended in Kelowna. The article summarized a recent study on elderly people in France who never or almost never have contact with the outside world. The title, loosely translated from the French, read: In France, half a million elderly people experience social death. It went on to describe the heartbreaking condition of people who have almost no social network or whose families are scattered across Europe or the world and therefore are no longer part of their lives. I know full well that this reality is the lot of far too many Canadian seniors as well.

I will not identify the parish. It matters little which one it was. The incidence could have happened and most certainly has in any number of them in British Columbia or here in Ottawa. I was eucharistic minister and on duty that Sunday. On leaving the church after mass, a woman approached me to talk to me. I did not know her name but had seen her often with her husband. They were a beautiful elderly couple, always smiling, always visibly very happy to take part in the celebrations. That day, she was alone and the gentle smile that usually graced her face was absent. What I could read instead in her eyes was deep sadness and grief.  

She told me that her husband had been in the hospital for over a month and that no one from the parish had visited him in all that time. I was taken aback by this. How could that be possible in a parish that I always considered beautifully alive and filled with so many faithful people? How could that have happened? My heart went out to her, and I said I would go see him that afternoon. When I got to his room, he was fully dressed, and his things were packed. He had been released and would be heading home soon. He recognized me when I entered and gave me a most radiant smile, one filled with gratitude: the parish he loved had not abandoned him after all and someone from that community was there as a witness to that. As I left the hospital, I knew that he was on a journey of recovery not only from the physical illness he had endured but also from the deep wound that occurred when he felt the community had abandoned him.

The scandal that affected me profoundly that day was that I was oblivious to the fact that people who were ill and cut off from the parish needed support, my support. What scandalised me was that I had been blind to that reality.

Tuesday, 28 September 2021

Être à la hauteur

Une des conversations récurrentes dans la famille de ma fille Marie-Claude est la grandeur de nos petits-enfants. Mon gendre Kent mesure au-delà de 6 pieds 2 pouces et, même si ma fille ne fait que 5 pieds 5, les enfants grandissent rapidement et seront tous les deux très grands. Et ils ont hâte de grandir. Katherine veut sans cesse se mettre dos à dos avec sa mère pour voir si sa taille est finalement la plus grande des deux. Elle est fière de réussir l’exploit de toucher la tête chauve de son papa.

Ce désir de grandir est profondément ancré en nous et ne cesse pas quand nous devenons adultes. Nous cherchons sans cesse à être « à la hauteur » des situations auxquels nous faisons face : des défis quotidiens et des exigences qui nous sont imposées par les autres à qui nous voulons plaire ou que nous nous imposons nous-même à cause de nos idéaux ou même de nos peurs d’échouer.

Ce désir, nous le transférons même à notre relation avec Dieu si nous avons une vie de foi. C’est du moins ce que j’ai longtemps observé en moi. Le désir qui m’habitait de connaitre Dieu, d’entrer en relation avec lui et de l’aimer cohabitait avec le sentiment de n’être pas assez bon, assez pieux, assez aimable pour que ce désir soit comblé. Je ne me sentais certainement pas souvent « à la hauteur » du Dieu que je m’imaginais.

Le père de Katherine, quand elle lui dit qu’elle veut être aussi grande que lui, lui répond simplement qu’avec une mère qui ne mesure que 5 pieds 5, cela n’est tout simplement pas dans son ADN. Ce que j’ai appris au cours des années, est que d’être « à la hauteur » de Dieu n’est tout simplement pas dans mon ADN et que ceci n’est pas une tragédie à déplorer, mais une source d’espérance, de paix et de joie. Ma finitude, mes pauvretés, mes faiblesses ne sont pas pour le Dieu de Jésus - le vrai Dieu et non celui de mes peurs – des obstacles à ma relation avec le Père mais, au contraire, l’occasion pour Lui de me remplir de sa plénitude, de ses trésors et de sa miséricorde. Je n’ai pas à chercher à être à la hauteur de Dieu; j’ai à le laisser me prendre dans ses bras et à me hisser à sa hauteur à Lui.

Wednesday, 22 September 2021

Tradition!

Diane often tells me about a ritual that she recalls from her childhood. When their family went to visit relatives in Trois-Rivières or Montréal, her father would always honk the car horn twice on leaving after the visit. Last Winter, she said to me that we should do the same when we leave after our weekly visits with our daughter, son in law and grandchildren. I complied and dutifully started honking the horn twice as we were on our way home.

Rituals, tradition, and respect for rules are very important for my granddaughter Katherine. She finds comfort in them. A few weekends ago, Diane decided she would make a meatloaf and recruit Katherine as a sous-chef in the process. Before they embarked on the project, Diane took the time to explain to Katherine that she would deviate slightly from the recipe by deleting some ingredients and adding others. This was wisely done to avoid the trauma that could ensue from such deviations: even recipes are among the list of strict guidelines to be normally followed scrupulously.  

After supper, Diane and I were both tired as we left and forgot to honk the horn. When we got home, Diane looked at her cellphone and there was a messenger text from Katherine. In two little words, she gently reminded us that we had been remiss in our duty to respect tradition. The text read, “Beep beep!”

Saturday, 18 September 2021

Des cœurs en mouvement

« My heart goes out to… » est une expression idiomatique anglaise qui suggère qu’une personne ressent non seulement de la compassion envers une autre personne en détresse, mais se met aussi en mouvement vers elle pour lui venir en aide ou pour soulager sa détresse. On pourrait la traduire littéralement ainsi : « Mon cœur sort de moi-même pour aller vers… »

La troisième formation de base pour personnes bénévoles SASMAD est en route à Ottawa depuis le 17 septembre et douze nouveaux visages viennent de s’ajouter à la petite famille grandissante de SASMAD dans notre région.

À cause de la pandémie, la formation se fait via ZOOM. Les participantes et les participants n’ont donc pas à se déplacer physiquement pour la faire. Toutefois, dès le moment où ils ont décidé d’entreprendre ce parcours, leur cœur s’est mis en mouvement  pour répondre à l’appel de Jésus, « Je suis malade, je suis seul, viens me rendre visite! » Ils sont donc déjà en route vers les personnes malades et les personnes âgées qu'ils visiteront et vers Jésus qui les attend en elles.

Wednesday, 15 September 2021

Tout dépend du regard

Tout dépend du regard que je pose sur les choses. Au cœur de la nuit il y a deux possibilités qui s’offrent à moi : je peux me tourner vers l’occident où le soleil est disparu il y quelques heures ou vers l’orient où ils se lèvera certainement à l’aube. De même, les mains vides sont ou bien absence de ce que je désire posséder ou ouverture à ce qui me sera gratuitement offert. 

Le jeune homme riche de l’Évangile de Matthieu (19, 16-26) qui s’approche de Jésus pour lui demander ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle repart tout triste quand Jésus l’invite à tout donner aux pauvres en échange d’un « trésor dans les cieux ». Ce qu’il n’a pas compris c’est que le vrai trésor ne peut être accueilli que par celui qui a les mains vides pour le recevoir. Jésus lui propose d’entrer dans la grâce de la dépossession de soi-même. Le jeune homme n’y voit qu’une perte. Jésus, lui, y voit la liberté de recevoir beaucoup plus.

Devant la croix de Jésus ou la mienne, je peux ne voir qu’un échec et une perte insensée. Je peux aussi y entrevoir déjà le matin de la résurrection qui va bientôt se lever. Tout dépend du regard que je pose sur les choses.

Saturday, 11 September 2021

Bird Brain

I have birds on my mind lately – pigeons to be specific. We moved into our condo apartment in 2004. What we were not aware of at the time is that some of the previous inhabitants still claimed ownership of part of our new lodging, the balcony. No matter how patiently we explained to them that we did not wish to share our new home with them, they kept coming back to attempt to build nests and lay their eggs on our property.    

We eventually started to resort to more forceful approaches. I printed out pigeon stew recipes and posted them where the pigeons could read them near their favorite nesting areas. To no avail. They either ignored them or, I suspect, most of them were illiterate.

I filled a spray bottle with water and would spray them whenever I saw them land on the ledge of our balcony. They kept coming back for more. I think they believe it was a game and great fun at that.

Diane and I would run out and shoo them away several times a day. Once, one of our avian neighbours jumped off the ledge from a height of 15 stories. I turned to Diane and said, “My goodness, look at what we have just done. We hurt its feeling and it committed suicide.” That was wishful thinking because it was back a few minutes later.

Pigeons, we discovered to our great dismay, do not fly south for the winter. They stay around to haunt you all year round. In mid-December one year, I saw five of them lined up on the ledge of our balcony facing us. I said to myself, “O no, they are going to start cooing Christmas Carols.” I rushed to the patio door, opened it quickly, and scattered them by bellowing a thunderous, “Bah, humbug!”

While looking online for means of getting rid of pigeons without getting in trouble with the SPCA, I saw an ad for large plastic owls. The ad suggested that these were very effective in keeping pigeons away. I immediately ordered one and placed it in a prominent place on the balcony. A few mornings later, I found the owl tipped over on its side with a pigeon standing on its head looking at me with beady eyes that defiantly proclaimed victory.

Several years ago, I heard noises outside and went out ready to pounce on the intruder. The pigeon was cringing in a corner but did not fly away when I went through my usual fie fi foe fum routine. I realized it must have broken a wing by inadvertently trying to fly through one of our windows. I finally had one of the little monsters at my mercy, but not only could I not bring myself to take advantage of the situation, I felt compelled to rescue my sworn enemy. I put the bird in a box and brought it to the Wild Bird Care Center in Nepean. The young lady at the reception looked at it and confirmed that the pigeon was a teen and had a broken wing but that it would mend quickly.

I have grown accustomed to the frequent visits from our two-legged feathery beasts. When Diane tells me that they are on our balcony, I simply say, “Our friends are back!” and go out to gently usher them away. I have come to believe that the teenage pigeon I rescued became a raconteur among his flock and often told the story of the giant who saved his life when he was a youngster. Generations of pigeons have grown up on that legend and come on a pilgrimage to our balcony to have a glimpse of the legendary bald benevolent giant. I am afraid none of them will ever take me seriously again as an aspiring scarecrow.  

Tuesday, 7 September 2021

SASMAD - Transformation plus que formation

J’accompagne des personnes malades depuis plus de trente ans, souvent comme personne bénévole dans des paroisses, des hôpitaux, des centres de soins de longue durée ou en tant que membre d’une équipe d’accompagnateurs et d’accompagnatrices de personnes en soins palliatifs. Cela m’a donné l’occasion de suivre plusieurs formations et de participer à un grand nombre d’ateliers, de conférences et de cours pour m’aider à être plus efficace et plus à l’aise dans mon bénévolat.

La formation de base pour devenir personne bénévole SASMAD est la dernière de ces formations que j’ai suivies.  Elle était différente de toutes celles que j’avais suivi auparavant. Cette différence n’était pas au niveau des connaissances, des concepts ou des techniques – j’y ai retrouvé bien des choses que j’avais souvent entendues auparavant. Les mêmes gestes externes qui se manifestent dans toutes les formes d’accompagnement se retrouvent dans l’accompagnement SASMAD : accueil, écoute active, respect profond de l’autre, compassion, empathie, non-jugement… Une bonne bénévole de Tel-aide, par exemple, peut et devrait exprimer tout cela quand elle prend un appel téléphonique.

Ce qu’il y a de différent dans la formation SASMAD c’est qu’elle situe la rencontre de la personne bénévole avec la personne bénéficiaire au niveau du cœur profond, là où Dieu est présent. Dans cette rencontre, la personne bénévole reconnait et honore cette Présence. Et cela ne peut se faire que si la personne bénévole est consciente de cette Présence en elle-même et s’approche de l’autre animée par celle-ci.

La formation SASMAD est donc beaucoup plus que l’apprentissage de notions et de techniques pour faire de l’accompagnement. Elle est davantage transformation que formation – transformation du regard et transformation des gestes. Plus mon regard est apprivoisé et peut reconnaître la Présence de Jésus en l’autre et en moi-même, plus mon attention, mon écoute, ma compassion prennent racine dans cette Présence. Alors, de plus en plus, c’est Jésus en moi qui rencontre la personne bénéficiaire et, de plus en plus, je rencontre Jésus en elle. 

Friday, 3 September 2021

Regard d'enfant

Cette photo de mon petit-fils Victor prise quand il avait 2 ans ne manque jamais de me toucher profondément. Son regard émerveillé devant cette petite branche d’arbre coupée éveille en moi un désir de voir le monde comme lui le voyait à ce moment-là. Il semble complètement absorber par ce qu’il tient dans sa main – il n’y a plus qu’elle qui existe et sa beauté suffit à le combler parfaitement dans cet instant de contemplation. Que j’aimerais devenir comme un petit enfant qui est capable de se laisser saisir par le mystère qui l’entoure et l’enveloppe de toute part.  

Thursday, 19 August 2021

Accompagnement spirituel et massothérapie

J’avais une session de massothérapie hier. Tout ce que j’ai dit à ma physiothérapeute avant la session était que mon ami Maxime (maximus glutamus) faisait des siennes.   Cela ne l’a pas empêché de découvrir avec acuité les autres nœuds dans mon dos et dans mon cou et de les délier avec expertise. Pendant que mon esprit vagabondait comme bon lui semblait pendant la session, l’idée m’est venue qu’une session de massothérapie était semblable à un accompagnement spirituel.

Je connais ma physiothérapeute depuis des années. J’ai confiance en elle, non seulement parce que je reconnais ses compétences techniques, mais surtout parce que je sens en elle une réelle compassion pour ses clients et un désir de leur faire du bien. Je n’ai jamais discuté avec elle de ses croyances religieuses, mais j’accueille le bien qu’elle me fait comme un cadeau qui provient, j’en suis certain, non seulement d’elle, mais aussi de Dieu, le thérapeute par excellence qui agit dans chaque thérapeute digne de ce nom. Cette confiance à deux versants m’ouvre à la guérison. C’est aussi ce qui se produit dans un accompagnement spirituel. La relation de confiance qui s’établit entre l’accompagnateur et la personne accompagnée ouvre à la Présence d’un Autre qui agit dans cette relation mais qui, en même temps, la déborde infiniment.

Ma thérapeute sait écouter en profondeur avec ses mains et en étant attentives à comment mon corps réagi pendant les traitements. Elle peut ainsi déceler non seulement ce que je lui ai dit de ce qui se passe en moi, mais aussi le non-dit que je vis. Il en va de même de l’accompagnateur spirituel qui sait écouter ce qui est dit et ce qui ne l’est pas, ce qui se passe en surface et ce qui est en mouvement dans les profondeurs du cœur de la personne accompagnée. Accompagner c’est se laisser guider par ce langage multiforme au travers lequel la personne cherche à s’ouvrir à la guérison et à la Vie.

Après une session de massothérapie, je me sens plus vivant, plus alerte et plus flexible. La vie coule plus librement en moi. C’est aussi ce que vise un accompagnement spirituel : permettre à la Vie qui est toujours à l’œuvre dans une personne de couler plus librement. La présence discrète et réconfortante de l’accompagnateur, son écoute sans jugement, son accueil inconditionnel et sa compassion tendre et gratuite facilitent un passage à l’Esprit de Dieu pour qu’il puisse enlever les entraves au mouvement de la Vie dans la personne accompagnée et permettre ainsi à la Vie de surgir en plénitude. 

Saturday, 14 August 2021

Family Photos

 

This has been the desktop background on my computer for several months now. It is one of several family photos that always warm my heart when I look at them. Every time I glance at them, I can’t help but be grateful to have been blessed with such a wonderful family. How lucky can a man be!

Thursday, 12 August 2021

Conjuguer le verbe "aimer"

Le verbe "aimer" ne se conjugue qu’au présent.

Quand j’étais enseignant de français langue seconde, je me servais, comme bien d’autres enseignants le font sans doute, du verbe « aimer » pour illustrer la conjugaison des verbes du premier groupe en -er. Puisque ce verbe est court et familier, cela allait de soi. Les étudiants étaient alors invités à aimer à tous les temps : au présent, au passé, au futur, à l’imparfait, au conditionnel… J’en suis venu à croire que cela était les induire en erreur. On aime réellement qu’au présent ou on n’aime pas du tout.

Je cherche dans ma mémoire pour trouver une seule personne que j’aurais aimé dans mon passé et que j’ai depuis chassé de mon cœur. Je n’en trouve pas. Bien sûr, il y a eu des blessures de part et d’autre, des difficultés à communiquer, des distances créées, et parfois des ponts coupés. Toutefois, il n’y a personne à qui je n’ai pas voulu accorder un pardon et un espace dans mon cœur. Ils sont tous enfouis en moi où je peux les rejoindre de temps à autres pour leur dire que je les aime toujours et que je ne leur veux que du bien.

Je ne vois pas non plus comment je pourrais conjuguer le verbe aimer au conditionnel. Quel amour vrai imposerait des conditions avant d’être offert et donné. L’amour est gratuit ou il n’est pas.

Et comment pourrait-il se conjuguer au futur quand mon cœur est déjà accueil et réceptivité et cela même des personnes que je ne connais pas encore? Je porte en moi aujourd’hui l’ouverture qui permettra à de nouvelles relations d’amitié de naître et de grandir.

Imparfait? Comment l’amour pourrait-il l’être quand il a sa source en Dieu qui aime les autres en moi.

Mon cœur est un cheval de Troie qui porte toutes ces personnes de mon passé, de mon présent et de mon avenir. Quand je ferai le passage final dans l’au-delà – j’en ai la certitude – je les emporterai tous avec moi dans un éternel présent d’amour. Le Seigneur, qui voit ce qu’il y a dans les cœurs, non seulement ne sera pas dupe de mon subterfuge, mais en sera complice.

Tuesday, 10 August 2021

Birthday Present

This is the birthday present my granddaughter Katherine gave me for my birthday. A stuffed likeness of me with a head in the shape of a heart, mischievous-looking button eyes, a large grin, and superhero-style eyeglasses. If that is how my granddaughter sees me – a happy, regally crowned hero who is all heart – I don’t mind growing old one bit!

Thursday, 29 July 2021

Deer Crossing

Diane and I came back from our trip to PEI yesterday after traveling almost 3000 km. For us, this excursion was more than the usual yearly getaway to recharge our batteries. In a way, it was an attempt to break free from a year and a half of confinement and of the feeling of constantly being on the defensive from the potential attacks of an invisible but deadly foe.

Two events stand out for me in those 10 days on the road. We visited the Centre Belle-Alliance in Summerside, a center with a school, a daycare, halls for cultural events, a library, and the offices of various francophone organizations. Diane and I met a few dozen of the people who work there and some of the children at the daycare center. None of them wore masks. I was, at first, taken aback by this, but slowly realized that this was not carelessness on their part. There are no active cases of Covid-19 in PEI. It was refreshing to see the noses and smiling mouths of so many people! I left that center with a renewed sense of hope because I encountered there a vital francophone community managing not only to survive in an overwhelmingly anglophone environment but to thrive and live fully as francophones. There was hope also in seeing a community that had been able to shed not only face masks, but also the fear of being and living close to one another. 

The second event occurred on our journey back to Ottawa. On the way to PEI, we saw many road signs alerting us to possible intrusions of deer and moose on highways. I jokingly said to Diane that these were false advertising because we were promised sightings that never materialized.  However, on the stretch of the TransCanada Highway between Quebec City and Trois-rivières, we finally saw a young deer crossing the road a hundred meters ahead of us. I was struck by the grace and beauty of this wild animal and silently reflected that the road signs may not be “false advertising”, but certainly were a very poor rendering of the majesty of these exquisite creatures.

Our trip to PEI was a pilgrimage of healing. It has allowed us to shed some of the fear that has more or less unconsciously draped us for so many months and to see reality again unveiled and from a perspective that cannot be rendered by road signs or through a computer or TV screen. 

Sunday, 11 July 2021

Hansel and Gretel

I do believe God talks to me, but no, I do not hear audible voices. Becoming conscious that he is addressing a “word” to me is more akin to feeling that my attention is being drawn to several disparate things that converge to illuminate and reveal something that I could not see until then. God seems to weave together elements from my memory, my experience, my knowledge, my feelings to present a tapestry that I recognize as expressing his thought, as his “voice” in my life.

When Jesus spoke to his disciples, he did the same thing. He used concrete everyday realities, “Look at the birds. The lilies, the mustard tree.” He used stories – parables - about ordinary people: sons and fathers, rich men and poor men, unjust judges, hard-hearted unforgiving men, poor widows. He used scriptures, what we now call the Old Testament. He used people’s experience of life: crumbling towers killing many, threatening storms on lakes, coins stamped with the face of Caesar.

The other day, when I said that God answered my question, “Lord, how were you present and acting in all this aggravation today?” that is exactly what I meant. He “spoke” to me using the very fabric of my life.

One memory that surfaced while I was “waiting” for God to answer my question, was that of a Grimm’s fairytale: Hansel and Gretel. I had to look it up to recall all the details of the story, but what I initially remembered was that Hansel had used white pebbles to retrace his way home after being left to die in the forest with his sister Gretel (that this was ever considered a children’s bedtime story is amazing!) In addition to the white pebbles, God also drew my attention to scripture passages, “Love your enemies. Pray for those who persecute you.” He also gave me a sense of all the times he had shown me mercy and forgiven me my wrongdoings.

Just as the pebbles were, for Hansel and Gretel, the means of finding their way back home, the aggravations in my life, are the pebbles that remind me to be “merciful as my heavenly Father is merciful” - to ground my responses to the hurtful actions of others in the mercy that God constantly shows me so that I can, in turn, forgive and pray for them and ask God to bless them. I cannot truly forgive others unless I return "home", to the very source of forgiveness: God's merciful love for me.

Saturday, 10 July 2021

Sowing Blessings

Yesterday was spent dealing with one aggravation after another. I started the day with a stop at our automotive service provider to have our car mechanically inspected before our projected trip to the Maritimes next weekend. I arrived there at 8:30 AM. After a wait of about half an hour, the service agent came to me with a rather long list of repairs that were needed and a quote on the hefty cost they entailed. He said that the repairs would take two hours.

I went for a long walk and came back forty minutes later and settled down to read an eBook while I waited. At 12:00, the service agent told me that the repairs would take an additional hour. I left on foot to look for a restaurant to buy lunch.

There was a KFC not too far away. I entered and ordered. I was the only customer in the restaurant. I patiently waited for my meal as new customers entered and ordered. When, fifteen minutes later, my meal had still not arrived, I asked why. The young cashier, who was obviously new, could not find my bill and realized that my meal had never been ordered. Another wait until it finally got done.

After eating I went back to the garage to resume my patient vigil. One o’clock came and passed. At 1:30 I asked the service agent to check when the car would finally be ready. An additional twenty minutes was the response. By then my patience was wearing very thin, but still, I waited… until 2:30. When I got the bill, I saw that it was several hundred dollars above the initial quote. I asked to see the manager who apologized for my having to wait so long and he checked into the discrepancy on the bill. The service agent contradicted me and told him that his initial quote was a few dollars above the amount on the final bill. The manager assumed I was simply trying to get a discount and dismissively “managed” me, sending me on my way with his calling card attached to my bill, as if that made up for the poor service, I had received.

When I got home, Diane told me that our credit card statement contained amounts larger than the ones that we expected for a service contracted a few weeks earlier. I called the company to find out that the prices quoted at the time of the transaction were in US funds. The agent I had spoken to then had neglected to tell me that. I was transferred to the accounting department and waited, listening to elevator music for another ten minutes, until someone in talked to me and I could settle the matter.

When I finally managed to calm down, I did what I often try to do when people hurt me or are a source of frustration. I prayed for the service agent, the mechanic and the manager. I prayed for the young lady who did not know what she was doing at the KFC and the rest of the staff there. I prayed for the American gentleman who thought that all currencies were in US Funds.

In the last few days, my thoughts and my prayer have centered on one thing: God is present and acting in all situations, whether these be happy or sad, easy or difficult, gratifying or painful. When I sat down to pray last night, I could not help but ask, “Lord, how were you present and acting in all this aggravation today?” The answer I got was, “You prayed for them, didn’t you? All those aggravations allowed me to sow blessings on a lot of people.”