Sunday, 29 November 2020

Great Opportunities!

 Sandy came to me with tears in her eyes and anger in her voice. Unkind words had been exchanged between her and a few of the other girls in my class. Her pride had been hurt and she was intent on obtaining swift justice for the wrong she had suffered. As a teacher with authority and power, I was to punish the culprit. Vengeance, she hoped, would be swift and painful for her aggressors.

I knew Sandy very well and also knew that the girls with whom she was now upset were her friends the day before and would be so again the next day. Sandy had a strong personality, and I was certain that no real damage had been done to her self-esteem. What was really needed from me was not justice but something quite different.

After listening carefully to what she had to say, I looked at her with a big grin on my face and exclaimed with exuberance, "Aren't you lucky! Not everybody is given such a great opportunity. Wow! These girls have given you the opportunity to forgive them. Isn't that great!"

This happened many years ago, but I can still vividly recall the look on her face. It alternated in quick succession from consternation, to puzzlement, to a smile (was she not the bearer of a great opportunity! - a Good News!), and back to consternation again.

I do not know whether Sandy was so confused by my statement that she simply forgot about her anger or whether she understood something, but by the end of the day she and her former "enemies" were friends once again.

No, I am not advocating for submission when faced with abuse or injustice, but an offense is not only something that calls for redress, it is also a doorway to a deeper love: an invitation to "be merciful as your Heavenly Father is merciful."

"We must develop and maintain the capacity to forgive.
He who is devoid of the power to forgive is devoid of the power to love." - 
Martin Luther King, Jr.

The silent promise of dawn


These words have been rising from deep within me all week... like a prayer: The deep of night is not only darkness and lurking dangers, but also the silent promise of dawn.

Friday, 27 November 2020

La meilleure façon de vaincre un "ennemi"

Le quartier dans lequel j’ai habité entre l’âge de cinq ans et seize ans était un quartier très pauvre.

Nous étions neuf dans notre petit bungalow qui n’avait que deux chambres à coucher dont l’une était si petite qu’il n’y avait de la place que pour un lit superposé et un petit bureau. Le salon, la salle à dîner et le solarium servaient donc tous de chambres à coucher pour les enfants. Les devoirs se faisaient sur un coin de table dans la cuisine au milieu de tout le va et vient de la maisonnée. Été comme hiver, nous passions notre temps à l’extérieur de la maison autant que possible. Le tout petit terrain de notre propriété, les quatre rues du quartier, les champs de fermes environnants et la forêt au-delà de ceux-ci constituaient notre grand terrain de jeu. 

Je ne savais pas que nous étions « pauvres ». Nos voisins d’à côté vivaient dans un ancien poulailler converti en logis. Ils étaient 11 à vivre dans moins d’espace que nous en avions. Les pauvres, c’étaient eux.

Nous devions prendre l’autobus scolaire pour aller à l’école ou marcher une bonne distance pour nous y rendre. Comme notre quartier était mal famé et en dehors du territoire de la ville, nous changions d’école souvent. Les écoles ne voulaient pas des jeunes de la rue Centre. Je suis allé à quatre écoles primaires différentes en sept ans.

Les « batailles » entre les jeunes du quartier étaient fréquentes et j’étais quelquefois impliqué dans celles-ci. Mon frère François m’a dit une fois que, quand je me battais, j’étais comme un enragé. Il avait probablement raison. Je me souviens d’une de ces altercations avec « Ptit Jean » qui avait la réputation d’être un batailleur féroce. Même s’il était plus petit que moi, j’avais peur de lui. Cette peur s’est transformée en rage et j’ai foncé sur lui à toute allure. Je me suis vite retrouvé par terre sur le dos. Ptit Jean s’était servi de la force de mon accélération pour me basculer par terre comme le font les amateurs de judo. Je me souviens d’avoir senti de l’admiration pour ce petit homme qui pouvait faire une chose pareille : au lieu de contrer ma force par la force, il s’était tout simplement servi de son corps comme pivot pour me projeter par terre.

Sans m’en douter à ce moment-là, cet incident a été le début d’un apprentissage qui a duré toute une vie. J’ai lentement appris que la meilleure façon de vaincre un « ennemi » - que cet ennemi soit en face de moi ou en moi - ce n’était pas de le contrer avec une force plus grande, mais de trouver un pivot pour en faire un « ami ». J’ai appris que la blessure est transformée en guérison par le pardon; qu’un cœur plein de peur s’ouvre à l’accueil s'il accepte de faire un pas de confiance; que la faiblesse devient force de vie quand elle est enveloppée de compassion…    

"Les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres; seule la lumière peut faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine; seul l'amour peut faire cela." - Martin Luther King Jr.

Thursday, 26 November 2020

Un si beau nom

Je lui donnerai un caillou blanc ; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit.  
Apocalypse 2.17

Que se passerait-il si quelqu’un découvrait une pierre précieuse absolument unique. Unique non pas seulement parce qu’elle est plus grosse, plus éclatante, ou d’une teinte différente de toutes les autres pierres précieuses du même type. Unique parce que c’est le seul exemplaire jamais découvert de ce type de pierre. Imaginez, par exemple, qu’il n’y ait jamais auparavant eu d’émeraudes; que même le mot « émeraude » n’avait pas été inventé. Quelle serait la réaction d’un maître joaillier en voyant pour la première fois une émeraude récemment découverte ? Quelle valeur lui donnerait-elle ? Il n’y aurait pas de bornes pour contenir son émerveillement et sa joie à la contempler.

Chaque personne porte un « nom nouveau » qui n’a jamais été donné et ne sera jamais plus donné à une autre personne. Chaque personne est une parole unique de Dieu, une parole entièrement neuve, une parole jamais auparavant prononcée. Comment pourrions-nous croire qu’il en soit autrement quand Dieu donne une forme unique à chaque flocon de neige qu’il crée.

Un de mes voisins a le même prénom que moi. Je l’ai croisé l’autre matin et il m’a salué en disant : « Voici l’homme au si beau nom ! » Si nous avions le regard de Dieu, nous ne pourrions pas nous empêcher de dire de chaque personne que nous rencontrons : « Voici la femme, voici l’homme au si beau nom ! » Et il n’y aurait pas de bornes pour contenir notre émerveillement et notre joie à les contempler. 

Wednesday, 25 November 2020

The Sin of Having Blue Eyes

Wendy (a real person, but a fictitious name for the sake of telling this story) was one of several girls in a family with a single mom. I knew that her mother was courageously and lovingly providing as best as she could for her children on a meagre income. There was certainly no room in her budget for such luxuries as the latest expensive fashionable clothes.

Just before recess ended one day, Wendy walked up to me in the schoolyard where I was on supervision. Her head was down, tears were not far away, and she simply said to me, "The girls are teasing me because of my clothes."

I knew I could not confront the other girls in the class directly. That would simply have made the situation worse for Wendy. I therefore opted for another approach - an idea that popped into my head as I was heading back to class.

When all of the students were back in their seats, I looked at them, making a real effort to keep a straight and a stern face, and said: "I can't stand it anymore! I have always wanted to have blue eyes, but my eyes are brown. Every time I see someone with blue eyes, I get really frustrated. I won't stand for it anymore! All of the students in this classroom who have blue eyes, stand up and line up in the back of the classroom facing the wall." At this point, close to half the class got up and headed to the back of the classroom. I had not realized that there were so many blue-eyed children in my class until that moment! I then proceeded to say: "From now on, I want you blue-eyed people to keep your heads down when you see me near you, whether it be here in the classroom, in the hallways or outside in the playground. I do not want to see your eyes anymore." I paused for a few seconds and said: "Those of you who think that what I am doing is rather silly, please raise your hand." Hesitant hands started going up one at a time until all of them were in the air. I then added: "You are, of course, quite right." I told them to sit down and said: "When people put others down because they look different, or have different clothes, or speak differently, they do something just as silly as what I have just done."

I left it at that and started the afternoon lessons. Later that same day I intercepted a note being circulated by some of the girls – the equivalent of texting in a 1980’s classroom! It simply read: "I am sorry for making fun of your clothes."

When I recall that incidence, I sometimes wonder why I never got phone calls from irate parents telling me, “How dare you single out my child like that and risk marking him/her for life.” I think it is because the children never felt threatened by what I was doing and saying. They knew me and instinctively understood that I wanted them to learn something because I cared about them. I had done crazier things than that in the past to help them understand things! Even if what I was saying sounded like harsh words, they “knew my voice” and trusted the one who was speaking to them.

Tuesday, 24 November 2020

Le rêve de Dieu

Une petite vidéo que j'ai créé il y a quelques années avec des extraits des lectures des dimanches de l'Avent.

Monday, 23 November 2020

Sunflowers

Recently, my grandson's teacher read a book on the seasons to his virtual class. For each season, there was one page of “interesting facts”. One of the interesting facts for Summer was that sunflowers turn their heads in the direction of the Sun throughout the day to maximize the amount of exposure they have to sunlight. 

One could use that as a metaphor for our relationship with God. We need to turn to Him and seek his light constantly. The problem is that I am like a six-year-old when it comes to my relationship with God: easily distracted by all kinds of things that have nothing to do with that relationship. Fortunately, the really “interesting fact” about God is that, when I have wandered, he is the one who moves to meet me where I am. His love for me is like a sunflower seeking the sunlight, no matter what season it is.


Sunday, 22 November 2020

Regarder Jésus

« Ce n’est pas en regardant notre misère que nous serons purifiés mais en regardant celui qui est toute pureté et saint et sainteté. » - Sainte Élisabeth de la Trinité

Jésus est fascinant. Cette fascination m’arrache graduellement à mon égocentrisme, me détourne d’un regard porter sur mes propres faiblesses et mes péchés. Le regarder Lui c’est me laissé transformer par son Esprit.

Voici un petit conte, dont j’ignore l’origine, mais que j’aime raconter à ma façon :

Un jeune berger menait souvent ses brebis dans une vallée qui se trouvait au pied d’une petite montagne. Il aimait cet endroit parce que le pâturage y était abondant. Mais ce qui l’attirait surtout était le visage d’homme que le vent et la pluie avaient sculpté dans un rocher sur le flanc de la montagne. Ce visage fascinait le jeune garçon et il passait des heures à le contempler. 

Les années passèrent. Un jour, alors que le berger se penchait pour boire dans un étang, il vit la face de l’homme dans le rocher. Il se retourna pour mieux la voir, mais elle n’était pas derrière lui. Le berger se souvint alors qu’il était très loin de la vallée qu’il aimait fréquenter. Il regarda de nouveau dans l’eau calme de l’étang et constata que le visage qu’il y avait entrevu était le sien. Il était devenu ce qu’il avait si longuement contemplé.

C’est l’Esprit qui sculpte les traits du visage de Jésus sur notre propre visage et nous fait devenir semblable à Lui quand, jour après jour et année après année, nous prions et nous ouvrons notre cœur à la Parole de Dieu.

Saturday, 21 November 2020

Heart Transplant

 I need a heart transplant.

We all know that the Great Commandment is “Love the Lord your God with all your heart and with all your soul and with all your mind and with all your strength” and “Love your neighbor as yourself.” I have lived long enough to know that I often fall well short of this commandment. My many failed attempts to live it out has convinced me that there is no way I can obey this commandment fully with the heart I have. But I have also, thankfully, come to understand that there is a way that I can come to love like that.

When a heart is too sick or too weak to function as it should, a heart transplant may be the only possible solution. To love as the Word of God commands me to love, I need a new heart. The “Good News” is that God is willing to provide that new heart and to perform the surgery!

And I will give you a new heart, and a new spirit I will put within you. And I will remove the heart of stone from your flesh and give you a heart of flesh. – Ezekiel 36.26

There is one caveat though. There is a price to pay. I have to give God my old defective heart in exchange for the new one.

My son, give me your heart
    and let your eyes delight in my ways. Proverbs 23,26

Friday, 20 November 2020

Manquer la cible

 Des souvenirs de mon adolescence sont remontés à la surface au courant d’une nuit où je n’arrivais pas à dormir.

J’avais 14 ou 15 ans quand je me suis enrôlé dans les cadets de l’armée au manège militaire de Hull. Ma seule motivation était les cinq dollars de paie que je recevais à chaque fois que j’assistais à une cession de formation. Je n’y suis resté que quelques semaines. C’était un univers cauchemardesque pour le jeune homme timide et excessivement sensible que j’étais à cette période de ma vie.

Je me souviens, entre autres, des cours théoriques et pratiques sur le tir à la carabine. Parce que j’avais manqué les cours précédents, je ne comprenais absolument pas ce dont on parlait dans le cours théorique. Il s’agissait de calculer la trajectoire d’un projectile en tenant compte de facteurs tels que la distance à parcourir et la vélocité et la direction du vent. Le cours pratique a été encore plus traumatique pour moi. Je n’avais jamais touché à une carabine de ma vie et on m’a demandé d’en démonter, nettoyer et remonter une. Il s’agissait de le faire aussi rapidement que possible. Dans mon désir de bien performer, je l’ai fait très vite et, pour quelques secondes, j’étais fier de voir que j’avais complété la tâche avant les autres. Ce sentiment s’est rapidement évaporé quand l’instructeur m’a fait remarquer qu’il restait une pièce de ma carabine sur la table. Je n’avais aucune idée où celle-ci appartenait.

L’exercice de tir à l’horaire la semaine suivante m’a finalement convaincu que je n’étais pas à ma place dans les cadets. On m’a installé sur un champ de tir avec une carabine chargée à une bonne distance d’une série de cibles. D’autres cadets étaient aussi alignés devant celles-ci à ma droite et à ma gauche. Je n’avais jamais tiré une arme à feu auparavant. Je ne savais même pas laquelle des cibles était la mienne et j’étais trop intimidé par l’instructeur pour poser des questions. J’ai donc simplement déchargé ma carabine dans la direction générale des cibles. Aucunes de mes cartouches n’a atteint la cible qui m’avait été assignée. Il se peut très bien toutefois que j’aie atteint la cible d’un de mes voisins.

C’est une méditation sur le péché qui a provoqué cette remontée d’anciens souvenirs. Le péché est une tentative de combler un désir profond, mais cette tentative manque la cible. Le désir, à sa source, n’est pas mauvais. Il ne devient mauvais que quand on prend des moyens tous croches ou quand on vise la mauvaise cible pour le combler. Il me semble donc que, au lieu de garder les yeux fixés sur le péché qui est en moi, ce que j’ai à faire c’est de remonter à la source du grand désir qui m’habite et de voir de plus en plus clairement la seule cible qui peut le combler. Il ne s’agit donc pas de chercher à étouffer ce désir, mais à l’honorer dans ce qu’il a de sacré.





Thursday, 19 November 2020

Laisser passer la lumière

Au jour de l’an, nous étions assis en famille dans le salon chez ma fille et je regardais ma petite-fille Katherine. Pour la taquiner et pour voir comment elle réagirait, je lui ai dit, « Il y a une chose que je ne comprends pas. J’aurais besoin de ton aide pour m’aider à comprendre cette chose-là. Ce que je ne comprends pas est ceci : comment se fait-il que tu sois si belle? » Elle m’a répondu sans une trace d’hésitation et en un seul mot, « Maman. » Aucun retour sur soi. Aucun réflexe de vanité. Aucun signe qu’elle s’appropriait ce compliment. Aucune fausse modestie non plus. Elle savait sans équivoque que sa beauté était un héritage reçu de sa mère.

Il y a une petite anecdote que j’aime beaucoup. Un petit garçon visitait une église avec sa mère. Il était fasciné par les nombreux vitraux qui s’y trouvaient. Sa mère lui a expliqué que les vitraux étaient faits de morceaux de verre de différentes couleurs et qu’ils servaient à laisser passer la lumière pour éclairer l’intérieur de l’église. Elle lui dit aussi que les personnages dans ces vitraux étaient tous des saints, des amis de Dieu. Quelques journées plus tard, le petit garçon était dans sa classe de catéchèse quand l’enseignante a demandé aux élèves, « Qui peut me dire ce que c’est qu’un saint? » Aussitôt, le garçon a levé la main pour répondre, « Un saint est quelqu’un qui laisse passer la lumière. »

J’ai longtemps pensé qu’il y avait quelque chose d’un peu prétentieux à vouloir devenir saint. Mais les saints ne sont pas des personnes parfaites. Ce sont tout simplement des hommes et des femmes qui accueillent la lumière et la laissent passer. Même si un champ peut parfois être stérile, plein de ronces et rocailleux, s’il cache un trésor il a un prix inestimable. Le trésor caché dans nos vies, c’est la présence du Dieu qui fait briller sur nous son visage pour que notre visage s’illumine et devienne un reflet de sa lumière.

Comme Katherine qui sait qu’elle est la transparence de la beauté de sa mère, les saints et saintes savent qu’ils sont appelés à être la transparence de la beauté de Dieu.

Wednesday, 18 November 2020

Mise en Abyme

There is an artistic technique that is called a “mise en abyme” that consists in placing a portrait within a portrait, a story within a story, a heraldic shield within a heraldic shield. It is also the effect produced when an object is placed between two mirrors and, consequently, is reflected infinitely. In this process, the object that is placed within the other object is not just added on to the original object, it becomes a way of interpreting it or of giving it a completely new meaning.

That is what the Word of God does. It does not change what can be seen at the surface of things, but it does give them a new layer of meaning. When Pilate says, “Ecce homo! Here is the man!”, he is describing what he sees on the surface – a fragile, vanquished, beaten, rejected and condemned person. He does not understand that, before him, is a “mise en abyme” in which Jesus reveals who we are at a deeper level.

When God enters the picture, we can see all things in a completely different light.

Tuesday, 17 November 2020

Bouquet of Dandelions

I’ve had many excellent theology teachers, but the best ones were my children.

When they were young, they would often pick dandelions and give them to Diane. I can still see their beaming faces as they entered our house with their offering. There was no doubt in their mind that their mother would be delighted with it. Diane would hug the children and thank them for the beautiful gift. She would then take the already drooping bouquet of sad looking flowers and ceremoniously put it in a vase just as she did with the roses I occasionally bought her.

At that time, we lived in the rectory of our parish, a late nineteenth century house. The ceiling of the dining room was 5 meters high. There was a majestic winding staircase leading to the second floor just outside that dining room. There was also a second stairwell leading into the kitchen adjoining this dining room. That stairwell had no doubt been used by the servants at the beginning of the last century and was very steep and as high as the dining room ceiling.

One morning, I had just finished coming down that steep stairwell, when I heard a tiny voice behind me saying, “Papa!” I turned around just in time to see a flying grin hurtling towards me. Marie-Claude had seen me at the bottom of the stairwell and decided she would have a bit of fun and jump rather than walk down. There was no doubt in her mind that I would catch her!

In front of the rectory, there was a statue of Mary Immaculate. Marie-Claude and I would often pass in front of this statue on our strolls around the property. On one of those strolls, MC had picked a bouquet of wildflowers that she intended to bring to Diane. We had just passed in front of Mary when she suddenly let go of my hand, turned around towards Our Lady, lifted up the bouquet with both hands and offered it to her. I half expected Mary to come down from the pedestal to take the bouquet. How could she resist!

I have often wished that what I could offer to God looked more like a glorious bouquet of expensive roses but, most often, all I have to offer is a handful of sad looking, bug infested and dying dandelions. What my children have taught me is that it is not the beauty of the things I have to offer that counts the most. God’s love cannot resist and will certainly not “drop” even the poorest of offerings made with a great trust. It is the love and the trust that make the gifts valuable.


Sunday, 15 November 2020

Un souvenir de famille

 Écrit le 2 janvier 2020 :

Nous avons passé beaucoup de temps en famille dernièrement. Cela m’a permis d’observer mes petits-enfants et de les connaitre davantage. J’ai constaté jusqu’à quel point ils grandissent rapidement. Ma petite-fille Katherine en particulier, qui a maintenant 10 ans, ne cesse de m’émerveiller.

Photo de Katherine et de François
prise il y a quelques années
Il y a quelques semaines, j’ai trouvé un ange, une décoration pour mettre sur le fût d’un arbre de Noël, dans la salle de recyclage de notre édifice. C’était, de toute évidence, une décoration qui avait servi pendant plusieurs décennies. Comme je la trouvais belle, je l’ai ramené chez moi pour l’ajouter aux autres décorations de Noël que nous venions de sortir et d’étaler. Katherine ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait se débarrasser d’un souvenir qui avait fait partie d’une famille pendant si longtemps. Nous avons parlé de souvenirs de famille et, en particulier, de ceux qui nous avaient été donnés par des proches ou des amis. Au courant de cette conversation, Katherine nous a dit avec toute la simplicité et la candeur d’un enfant, « Jeter un souvenir de famille que nous avons reçu de quelqu’un, c’est comme jeté la personne qui nous l’a donné. » Cela m’a beaucoup ému.
La semaine suivante, je suis allé voir mon frère François qui vit dans une résidence de soins de longue durée. Lors de visites précédentes, je l’avais vu se promener avec un chien en peluche qu’il avait « emprunté » à un autre résident. François est atteint d'Alzheimer et il est comme un petit enfant. J’ai donc pensé lui faire cadeau d’un animal en peluche pour son anniversaire de naissance qui est juste avant Noël. Quand Katherine était toute petite, nous lui avions acheté une brebis en peluche que nous gardions dans notre appartement pour qu’elle puisse jouer avec lors de ses visites chez nous. Katherine ne jouait plus avec ce toutou depuis des années. J’ai donc décidé de le donner à François. Katherine a toujours beaucoup aimé son oncle François. Quand je lui ai dit que je lui avais fait don de sa brebis en peluche, le visage de Katherine s’est illuminé d’un grand sourire. Elle était vraiment contente que François reçoive ce souvenir de son enfance. Avec émerveillement, je constatais que ma petite-fille apprenait à donner, non pas seulement un objet qu’elle aimait, mais un peu d’elle-même!

Friday, 13 November 2020

Growing Old

Oldies... revisited...


Earlier this week I indulged in a humorous piece on growing old. It was in no way intended as an oblique way of ranting about my age or of lamenting the passage of time. For me, “old” is not a four-letter word that has somehow lost a letter along the way. I do not wish to hide my age, nor am I nostalgic about a golden past that is no longer.
My past is not gone. I have integrated every layer of it. I am still the little boy who used to spend his days exploring the forests, creeks, and lakes of what is now the Gatineau Park and was then our playground. I am still the youth who loved to read and learn. I have never left behind the young man who awkwardly started relationships and slowly discovered how to love. I remain the father of two beautiful young girls and the husbands of the amazing woman who married me when I was 23. I have never stopped being a teacher even though I have not been in a classroom for more than 20 years. I am all of the experiences, the friendships built over time, the joys and pains, the successes and the failures, the gains and losses that have been my teachers for over 70 years.
Why in the world would I want to give that up to return to a time that is now gone? Nor do I wish to stop time. I am not "getting old", I am "growing old" and the operative word here is the first one! I am grateful for the “old man” that I have become and for the time that is left to me so that I can grow even more.

Debout et vivant

 Il y a quelques années, le curé de notre paroisse m’a demandé de donner un témoignage lors des célébrations dominicales sur des personnes que j’avais rencontré et qui, grâce à leur foi, étaient vraiment vivantes et pouvaient se tenir debout. Voici ce que j’ai partagé alors :

Je me souviens d’une dame qui était paralysée du cou en descendant. Je la visitais dans une résidence de soins de longue durée où elle demeurait. Elle aimait qu’on l’appelle par son sobriquet, Johnny. Mes visites avec elle se déroulaient toujours à peu près de la même manière. Je m’assoyais, je lui demandais comment elle allait et elle se mettait à me parler de sa vie. Elle m’a raconté, entre autres, comment elle était devenue paralyser. Pendant qu’elle suivait des traitements à l’hôpital, une infirmière qui prenait soin d’elle a fait une maladresse et l’a échappé. Johnny s’est retrouvé par terre avec le cou cassé. Elle m’a aussi parlé de son mari, qu’elle avait beaucoup aimé et qui était décédé très jeune. Dans ce qu’elle me racontait, je voyais que sa vie n’avait pas toujours été facile. Malgré cela, il y avait en elle une sérénité si grande et une sagesse si profonde que quand je la quittais au bout des quelques 45 minutes de la visite, j’avais l’impression d’avoir passé ce temps au bord d’un beau ruisseau paisible.
Je me souviens aussi de Margaret qui vivait dans la même résidence que Johnny. Elle passait ses journées seule, assise dans un fauteuil roulant dans la grande salle commune. Margaret avait les doigts des mains tellement crochis par l’arthrite qu’elle ne pouvait pas les déplier. Sa maladie et sa solitude ne la repliait toutefois pas sur elle-même. Elle avait une telle capacité d’accueil que quand je la visitais je me sentais comme si je rentrais chez moi.
Je me souviens de Louis qui était atteint d’Alzheimer. Louis avait fait des études universitaires poussée dans plusieurs domaines. Il savait que sa maladie effaçait graduellement tout ce qu’il avait appris et je l’ai vu, à l’occasion, vivre des crises d’angoisse. Mais cela ne durait pas. Louis avait une immense capacité d’émerveillement. Un rien pouvait le remplir de joie. Nous allions à la bibliothèque ensemble et il lisait les journaux. Souvent il arrêtait sa lecture et se levait pour venir me montrer une belle expression ou un beau mot dans l’article qu’il lisait. Ses yeux scintillaient en me les montrant comme s’il avait trouvé un trésor caché. Un jour, je suis arrêté à la régie des alcools avec lui. Il a fait le tour du magasin pour lire les étiquettes sur les bouteilles. Il voulait savoir de quels pays chacune d’elles provenaient. À chaque fois qu’il découvrait un nouveau pays, il s’empressait de me le dire ou de le dire au commis ou au client qui se trouvait proche de lui. Il était émerveillé de voir que des produits du monde entier puissent se retrouver réunis dans un seul endroit. Louis m’a fait faire le tour du monde en 15 minutes cette journée-là et m’a fait partager son émerveillement.
Louis, Margaret et Johnny étaient vivants malgré la mort qui était à leur porte parce qu’ils se laissaient envahir par une « vie » qui était plus forte que cette mort.
Ces personnes sont décédées depuis plus de dix ans. Mais elles vivent toujours en moi. La sérénité et la sagesse de Johnny, la chaleur et l’accueil de Margaret, l’émerveillement et la joie de Louis sont encore là en moi. Ces personnes étaient tellement vivantes que la vie qu’elles portaient en elles était contagieuse. Si contagieuse de fait, que j’ai attrapé ce qu’elles avaient. Je suis un peu plus vivant aujourd’hui parce que ces personnes m’ont transmis l’Esprit qui les faisait vivre. Je suis vraiment reconnaissant d’avoir connu ces personnes et beaucoup d’autres comme elles.
En cherchant une image à joindre à ce texte, j’ai trouvé cette chanson :

Thursday, 12 November 2020

A New Heart

Something I wrote 20+ years ago: 

 In the early years of my teaching career I often struggled with how to deal with “problem” children; those who were disruptive, uncooperative, or rebellious. I would often pray for all of my students, but especially for these more troublesome ones. For years, the words that rose spontaneously from my heart when I prayed were similar to these: “Lord, give me a heart that can love these children with your love, eyes to see them as you see them, ears to listen to them as you do, and let what I say to them be your words.” As time went by, I found that there were fewer and fewer “problem” children in my classes. In fact, all of my students became more and more beautiful each year! Obviously, the children had not changed, but my capacity to welcome them as they were and to see what God sees in them did change. ... In 2020, I think I should start praying in the same fashion for some politicians...

Wednesday, 11 November 2020

Oldies

 As a volunteer at the Cottonwoods Care Center when I lived in Kelowna, I would spend time chatting and listening to the residents. I remember once being with a spunky 94-year-old lady who, in a conspiratorial voice, told me, “You know, this place is full of old people.” It was obvious from the tone she used that she did not see herself as “one of them.”

Diane and I enjoy browsing in antiques stores. We were doing that while vacationing in a small New Hampshire town two summers ago when I turned to Diane and said, “What does it say about us that half the ‘antiques’ in this store are younger than we are?” In fact, I could recognize many of the items for sale as common objects from my childhood: glass Coke bottles, Life magazines with covers I remember seeing back then, toys that we used to play with as children…

This summer, I was taking a walk and strolled by a retirement center near where I live. Many of the residents were seated on the patio outside the residence and a band was getting ready to play music. I remember thinking to myself, “That’s nice. The band will no doubt be playing ‘oldies’ for them.” When they started playing, the first song they chose was ‘Imagine’ by John Lennon and, as the band leader invited the residents to do so, they all raised both arms to do a wave. I was a bit shell-shocked when I realized that a song that I had listened to as a 22-year-old had attained the status of an ‘oldie’!

Like my plucky lady at Cottonwoods, I have a hard time seeing myself as being old. Should I start practicing my grumpy old man routine? If there is a test to pass to graduate as one, I probably would fail it. Nobody would take me seriously if I started using expressions like “You young whippersnapper!”



Monday, 9 November 2020

Mes aventures avec Katherine

Du début de septembre à la fin de décembre 2013 j’ai eu le grand plaisir de faire des aventures avec ma petite-fille Katherine. 

J’arrivais chez elle vers 7h30 le matin et Marie-Claude partait alors pour le travail. Il restait donc une heure et demi avant d'aller reconduire Katherine à l'école. Quand la température le permettait, nous prenions une marche en direction du parc qui se trouvait à quelques coins de rue de chez elle. Là, elle se balançait pendant que moi j’obéissais à ses ordres et la poussais fort… plus fort grand-papa… pour qu’elle puisse voler aussi haut qu’un oiseau. 

Parfois, nous marchions jusqu’à l’église Saint-Joseph qui, ces matins-là, se transformait en château. Pas loin du château se trouvait Marie, Joseph et Jésus et nous prenions le temps de les saluer en passant. De temps en temps, Marie avait de petits secrets à raconter à Katherine. Lors d’une de ces visites, nous sommes allés dans le cimetière qui se trouve à côté du château. Il y a un grand crucifie à l’entrée du cimetière. J’ai expliqué à Katherine que c’était Jésus qui était sur la croix. Quelques jours plus tard, nous sommes retournés au même endroit. Jésus était toujours là sur la croix. Pour Katherine, il n’y avait qu’une seule explication possible pour cela. Jésus était pris et ne pouvait plus descendre. Elle est donc allée dire à Marie que Jésus était pris et qu’il avait besoin d’aide pour descendre. Elle est restée devant la statue de Marie quelques secondes à la regarder. Puis elle s’est tournée vers moi et m’a dit, « Marie ne bouge pas ! » Elle ne comprenait pas pourquoi la maman de Jésus ne se dépêchait pas pour aller l'aider. Je ne savais pas trop quoi répondre et je lui ai simplement dit qu’elle irait l’aidé plus tard quand nous serions parties. Je n'ai pas osé retourner au cimetière avec Katherine depuis ce matin-là. 

Katherine attendait l’Halloween avec anticipation. Elle m’a parlé pendant des semaines du costume qu’elle porterait et, un matin, elle m’a demandé quel costume moi je porterais. Je lui ai répondu que j’étais déjà déguisé pour l’occasion – que je portais mon costume de grand-papa. Avec le temps froid, nos aventures se faisaient de plus en plus au chaud dans des centres d’achat ou de grands magasins comme le Wal-Mart et le Canadian Tire qui ouvraient leurs portes tôt le matin. Katherine aimait visiter les décorations d’Halloween au Canadian Tire où il y avait plusieurs rangés de décorations pour l'occasion. Elle aimait avoir un peu peur… mais pas trop peur. Elle me répétait souvent que c’était « pour faire semblant » et qu’il n’y avait donc pas de raison d’avoir peur. La première fois que nous avons visité les décorations d’Halloween au Canadian Tire, nous avons vu toute une rangée de statuettes du même vieux sorcier à l'air rabougri et menaçant. Katherine ne voulait pas être trop proche de celles-ci. Elle les a tout simplement contemplé de loin et m’a dit, « Beaucoup de grands-papas. » 

En décembre c’est Noël qui prenait le premier plan. Quand nous faisions des courses au Wal-Mart, Katherine poussait le panier en chantant "Vive le vent d'hiver." 

Un matin, quand je suis arrivé chez elle, elle m’attendait à la porte avec un biscuit dans sa main. Je savais que Marie-Claude et elle avait cuisiné cette semaine-là – des bonhommes en pain d’épice. J’ai donc pris pour acquis que le biscuit était le fruit de ce projet culinaire. Si ma petite-fille m’offrait un biscuit qu’elle avait fait elle-même je ne pouvais pas le refuser, même si celui-ci m’apparaissait plutôt étrange et peu appétissant. Je l’ai donc pris et aussitôt mis dans ma bouche pour le croquer. En mordant dedans j’ai vite compris que le biscuit était fait de pâte à modeler. Pendant ce temps, Katherine me regardais en silence. Elle n'en croyait tout simplement pas ses yeux. Plus tard ce matin-là, visiblement inquiète pour son grand-papa qui, de toute évidence, ne savait pas ces choses-là, elle s'est fait un devoir de m'expliquer qu’il ne fallait pas manger les biscuits « pour faire semblant ». 

 Pas besoin de faire ses bagages, ni d'aller bien loin pour partir à l'aventure. Il s'agit de se parer d'un coeur léger, un coeur d'enfant, de hisser les voiles et de laisser le vent d'hiver ou de n'importe quelle saison nous emporter là où il voudra bien.


Sunday, 8 November 2020

Abba, Père

Il y a une expression anglaise que je trouve vraiment bizarre: "A self-made man." Ce que nous sommes, nous le recevons sans cesse des autres et de Dieu. J'ai écrit une petite capsule sur cela il y a quelques années. Je vous la partage ce matin.

Geneviève avait 15 mois quand j’ai pleinement pris conscience du fait que j’étais papa. Nous étions à Wakefield chez mes parents une belle journée d’automne. Je revois encore les feuilles d’érables qui étaient de toutes les teintes de rouge et d’or et les champs de foins jaunies par le soleil d’été. Un soleil radieux dans un ciel tout bleu complétait ce portrait. J’ai encore des photos prises cette journée-là. Dans l’une d’elle Geneviève est seule, assise sur la petite galerie à l’arrière de la maison. Elle porte une salopette rouge et une feuille d’érable dans ses cheveux. Dans une autre photo, Geneviève est sur mes épaules dans un grand champ. Cette photo date de plus de 40 ans, mais mon corps et mon cœur se souviennent encore de cette petite fille qui se laissait trimbaler sur mes épaules avec une confiance absolue en son papa.

Cette journée-là j’ai compris que cette petite fille me faisait cadeau de ma paternité. J’étais père et je sentais que cela était un don gratuit et merveilleux qui m’était offert. Par l’existence de cet enfant, par sa simple présence dans ma vie, elle me donnait d’être ce que je n’aurais jamais pu être autrement : un papa.
En 1982, la première année de notre séjour à Kelowna, j’étais enseignant à mi-temps dans une école catholique anglophone. Mes deux filles étaient inscrites à la même école. Occasionnellement, quand un autre enseignant devait s’absenter pour une demi-journée, c’est moi qui faisais la suppléance. C’est ce qui m’a emmené à remplacer pour une après-midi une des enseignantes de première année. Sa classe était celle dans laquelle se trouvait ma fille Marie-Claude.

Comme le voulait la politique dans notre école, je me suis présenté aux élèves en leur disant que j’étais « Mister Côté. » Pendant que je me présentais à la classe, ma fille me fixait d’un regard intense – celui qu’elle avait toujours quand elle cherchait à démêler quelque chose dans sa petite tête. Le point d’interrogation dans son visage est toutefois vite disparu et, avec les autres élèves, elle s’est mise à la tâche qui leur était assignée. C’est à ce moment que j’ai entendu Marie-Claude m’appeler, « Papa, viens ici. J’ai besoin d’aide. » J’ai alors compris ce qui mijotait dans la tête de ma petite fille pendant que je me présentais : elle me regardait en se disant, « Cet homme n’est pas « Mister Côté ». Je le connais. C’est mon papa, même s’il essaie de me faire croire autrement ! »

Je suis le papa de Geneviève et de Marie-Claude. C’est le cadeau qu’elles me font tout simplement parce qu’elles sont là. Cette réalité est maintenant pour moi une évidence. Mais elle demeure toutefois un mystère qui me donne un peu le vertige parce que c’est une réalité tellement grande que je ne vois pas comment elle pourrait un jour cesser de m’émerveiller.
Je sens qu’il y a quelque chose de ce mystère dans ce qu’écrit Saint Paul dans sa lettre aux Galates : « Fils, vous l’êtes bien : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : Abba – Père ! Tu n’es donc plus esclave, mais fils : et, comme fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu. » (Ga 4, 6) En Jésus et par la puissance de son Esprit qui vit en moi, je suis réellement fils du Père. Cela aussi est un cadeau gratuitement donné. Ce n’est pas quelque chose que j’ai mérité de quelque façon que ce soit. Je suis fils tout simplement parce que Dieu est mon "Abba" - mon Papa.

Saturday, 7 November 2020

S'abandonner à l'amour

 Je me lève souvent la nuit – oui parce que ma vieille vessie l’exige ! – mais aussi, et surtout, parce que j’aime profiter du silence de la nuit pour méditer un peu à l’aide d’un livre qui « parle à mon cœur. »

Depuis plusieurs semaines, c’est un livre de Dom André Louf qui m’accompagne dans cette démarche nocturne. Il contient le texte des évangiles de chaque dimanche de l’année liturgique A et, pour chacun, une ou deux des homélies que le père André a donné à l’Abbaye de Sainte-Lioba alors qu’il y vivait en ermitage.
Je ne lis que quelques pages à la fois et elles ne manquent jamais de me toucher profondément. Quelles richesses et quelle sagesse elles contiennent!
Je me suis aussi procuré le deuxième volume, celui pour l’année B que j’entamerai bientôt. Ma petite boule de cristal me dit que le troisième volume, celui pour l’année C, fera partie de mes cadeaux de Noël.

Thursday, 5 November 2020

Que rien ne te trouble

 Aujourd'hui j'ai le goût de risquer le partage d'un extrait d'une page de mon "journal" écrite en janvier de cet année (pré-pandémie!):

Je me souviens de la joie que j’ai ressentie quand j’ai découvert pour la première fois les paroles de Thérèse d’Avila:
"Que rien ne te trouble, que rien ne t'effraie. Tout passe. Dieu ne change pas.
La patience obtient tout. Celui qui a Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit."
J’ai lu cela dans un cahier de commentaires des retraitants à Chamboisé il y a une dizaine d’années. Je ne savais pas que ça venait de Thérèse d’Avila. Je ne la connaissais pas bien à l’époque. C’est le « Dieu seul suffit » qui me remplissait de joie. Je me sentais en manque de tant de choses qu’on m’avait dit être nécessaire pour avoir une relation avec Dieu : en manque de vertu, en manque de courage, en manque de bonne volonté, en manque d’amour. L’échelle à grimper pour se rendre à Dieu était trop à pic pour moi. Je sentais, sans pouvoir le mettre en mots à ce moment-là, que mes manques, que ma pauvreté, étaient des obstacles insurmontables. Ces paroles de Thérèse me disaient autre chose. Celui qui a Dieu ne manque de rien et c’est Dieu Lui-même qui se donne, qui s’est toujours donné entièrement. Ce qui compte d’abord, c’est d’accueillir ce don et le reste viendra de surcroît, « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné de surcroît. » Sa justice, pas la mienne. Il est trop facile de se centrer sur soi, de se chercher soi-même, en luttant contre ses défauts, en essayant de vaincre ses penchants mauvais, en essayant de devenir meilleur et de faire des progrès. Si je me centre d’abord sur Dieu, Dieu s’occupera du reste. Est-ce que j’ai tort de penser comme cela?


Wednesday, 4 November 2020

Vieille branche

 Mon frère François m’a donné le coussin dans la photo à Noël ou à ma fête il y a plusieurs années. Ce coussin, je le garde dans mon bureau. Mais les mots je les garde dans mon cœur. François voulait me faire rire en me le donnant, mais il voulait aussi me dire, de façon oblique, qu’il m’aimait. Cela m’a beaucoup touché et me touche toujours.

Je sens, toutefois, qu’il y a quelque chose de plus dans ces mots. Occasionnellement, une parole prononcée au hasard, une phrase lue quelque part, un regard ou un geste fortuit, un incident apparemment anodin se faufilent en moi pour m’habiter, parfois pendant des années. De temps en temps, ils me font signe comme s’ils murmuraient, « J’ai quelque chose à te dire. J’ai un secret à te révéler. Écoute bien ! Mets-toi aux aguets ! Je vais parler à ton cœur. » Les mots sur le coussin que m’a offert François sont de cette nature-là :
« Je souris parce que tu es mon frère. Je ris parce qu’il n’y a rien que tu peux faire pour changer cela ! »
C’est en méditant sur l’évangile de dimanche dernier que j’ai finalement compris ce qui m’interpellait dans ces phrases qui se voulaient humoristiques. C’est la juxtaposition du rire et de l’impuissance dans la deuxième phrase. Il y a quelque chose de semblable dans les béatitudes : elles juxtaposent bonheur d’un côté et pauvreté, pleurs, souffrance et persécutions de l’autre. Les béatitudes m’ont longtemps heurté à cause de cette juxtaposition. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
C’est en partie une relation d’amitié qui m’a fait saisir que le bonheur et même la joie pouvait coexister avec tout ce qu’il y a de « négatif » en moi et autour de moi. Non seulement cela, mais que cette joie pouvait même naître de ce négatif.
Louis m’appelait souvent « vieille branche » parce que, à cause de la maladie d’Alzheimer, il ne se souvenait pas toujours de mon nom, même s’il se souvenait de moi. L’expression était tout à fait appropriée. On se sert d’une vieille branche comme bâton de marche lorsque le parcours devient difficile. Louis acceptait que je sois ce bâton de route. J’ai admiré cette facilité avec laquelle il acceptait mon aide quand il aurait pu tout aussi bien la percevoir comme une intrusion indésirable dans sa vie. En acceptant d’avoir ainsi besoin de moi Louis transformait sa maladie en tremplin pour nous rapprocher et pour faire grandir notre amitié.
L’amour qui fait grandir ce genre d’amitié n’est pas uniquement le fruit de ce qu’il y a de meilleur en nous, mais aussi du don que l’on fait de notre vulnérabilité et de notre impuissance.

Tuesday, 3 November 2020

Têtes chauves


Je suis chauve depuis bien des années. À trente ans ma tête était déjà aussi dénudée qu’elle l’est maintenant. Au début, cela me mettait mal à l’aise et j’essayais de cacher ma calvitie en rabattant une mèche du côté sur la partie dégarnie du dessus. Même après avoir abandonné ces tentatives vaines de dissimuler ce qui était bien trop évident, je n’arrivais pas entièrement à me réconcilier avec mon manque de chevelure. C’est un petit incident cocasse qui a changé cela à jamais.

J’enseignais dans une école élémentaire. Une de mes responsabilités était de superviser les enfants pendant la récréation. Un jour où j’accomplissais cette tâche, une fillette de quatre ou cinq ans m’a fait signe. Je croyais qu’elle désirait me parler. J’ai donc plié les genoux et je me suis penché vers elle pour être à sa hauteur et entendre ce qu’elle avait à me dire. J’ai alors senti une petite main revêtue d’une mitaine en laine se poser sur ma tête et, délicatement, se mettre à la polir pour quelques secondes. Satisfaite, ma jeune amie est ensuite aller rejoindre ses compagnes pour jouer. Moi, je suis resté planter là avec une joie immense qui débordait de mon cœur et une envie de rire aux éclats.
Depuis ce temps, je ne peux pas penser à ma tête chauve sans me souvenir de ce geste d’une petite fille intriguée par ce qu’elle percevait. Il ne m’est plus possible de voir un manque là où une enfant ne voyait qu’une merveille à examiner et à toucher ! Ce jour-là, j’ai perdu mon regard d’adulte sur ma calvitie et je l’ai échangé pour le regard émerveillé d’un enfant.
Le souvenir de cet incident m’interpelle encore aujourd’hui et fait naître en moi une question : Et si le regard de Dieu sur mes fragilités, mes limites et mes péchés étaient semblables à celui d’une fillette porteuse de mitaine ? Se pourrait-il que ma pauvreté soit l’occasion pour Dieu de me faire signe, de m’inviter à plier les genoux, à me faire petit comme un enfant pour le laisser me toucher avec délicatesse et amour ? Quelle merveille et quelle source de joie serait alors cette pauvreté !

Monday, 2 November 2020

Being Church

 I wrote the following reflexion on what "Being Church" meant to me while taking a theology course at Newman Theological College in Edmonton in the late 1990s.

Much of my understanding of what it means to be "church" comes from my experience of married life or rather of living out the sacrament of marriage. Two incidents in the past will serve as a springboard in my attempt to explain what I mean by this.
When Diane and I announced our intention to marry, there were speculations about how long the marriage would last. Many of our relatives and friends were convinced that she and I were too different in personality and background. Divorce, they were convinced, was inevitable. We have now been married for over 25 years.
When my youngest daughter was 3 years old, she solemnly declared: "God loves us forever." When she was asked how she knew this, she said, with the assurance of someone who has never heard of divorce statistics, "My mom and dad love each other, and that's forever."
When I now reflect on these events, I must admit that I agree with those who assumed that the distance between my wife and I was so great that our marriage should not have worked -- but it did. I also agree with my daughter's assessment of God's love and I believe that it is this love which made it possible for Diane and I to overcome the distance that should have divided us.
Paul's words to the Gentiles in Ephesus could very well be applied to us as a couple:
"But now in Christ Jesus you who once were far off have been brought near by the blood of Christ. For he is our peace; in his flesh he has made both groups into one and has broken down the dividing wall, that is, the hostility between us." (Eph 2: 13-14)
The Church is also a communion of individuals who are bound together by a love that reconciles the irreconcilable: "...while we were enemies, we were reconciled to God through the death of his Son" (Rm 5:10) In being thus reconciled and "brought near" to God, we are also brought near to one another.
A second aspect of our married life has also colored my understanding of church. The love that united us turned us outward. Not only did we have children, but an incessant flow of people became part of our lives. There was always someone who needed a friend, a meal, a bed, a home. These were sometimes relatives, but most often strangers. Some became close friends of the family, others passed through our lives briefly never to be seen again. This was not something that we had planned or thought out ahead of time. It just happened. The love that united my spouse and I was bigger than just the two of us. It needed to reach out and embrace others. This was not always easy and we were sometimes tempted to push back certain people. The "other", after all, is a potential enemy as well as a potential friend.
In the same way, the love that unites the members of the church should turn them outward. In the New Testament, the text that speaks to me most of this dimension of the church is Matthew 25: 34-40. The hungry, the thirsty, the stranger, the naked, the sick, the prisoners are potential enemies. Their weakness is threatening. They are the ones who are "far off" who need to be "brought near". The love that unites the members of the church needs to be "forever", without end, always pushing the boundaries to allow the enemy to become friend. The church is entrusted with the "ministry of reconciliation" (2 Cor 5:18). This implies bringing people to God, but also allowing the love of God to break down the dividing walls and bring Shalom where there once was only division and enmity.