Il y a quelques années, le curé de notre paroisse m’a demandé de donner un témoignage lors des célébrations dominicales sur des personnes que j’avais rencontré et qui, grâce à leur foi, étaient vraiment vivantes et pouvaient se tenir debout. Voici ce que j’ai partagé alors :
Je me souviens d’une dame qui était paralysée du cou en descendant. Je la visitais dans une résidence de soins de longue durée où elle demeurait. Elle aimait qu’on l’appelle par son sobriquet, Johnny. Mes visites avec elle se déroulaient toujours à peu près de la même manière. Je m’assoyais, je lui demandais comment elle allait et elle se mettait à me parler de sa vie. Elle m’a raconté, entre autres, comment elle était devenue paralyser. Pendant qu’elle suivait des traitements à l’hôpital, une infirmière qui prenait soin d’elle a fait une maladresse et l’a échappé. Johnny s’est retrouvé par terre avec le cou cassé. Elle m’a aussi parlé de son mari, qu’elle avait beaucoup aimé et qui était décédé très jeune. Dans ce qu’elle me racontait, je voyais que sa vie n’avait pas toujours été facile. Malgré cela, il y avait en elle une sérénité si grande et une sagesse si profonde que quand je la quittais au bout des quelques 45 minutes de la visite, j’avais l’impression d’avoir passé ce temps au bord d’un beau ruisseau paisible.
Je me souviens aussi de Margaret qui vivait dans la même résidence que Johnny. Elle passait ses journées seule, assise dans un fauteuil roulant dans la grande salle commune. Margaret avait les doigts des mains tellement crochis par l’arthrite qu’elle ne pouvait pas les déplier. Sa maladie et sa solitude ne la repliait toutefois pas sur elle-même. Elle avait une telle capacité d’accueil que quand je la visitais je me sentais comme si je rentrais chez moi.
Je me souviens de Louis qui était atteint d’Alzheimer. Louis avait fait des études universitaires poussée dans plusieurs domaines. Il savait que sa maladie effaçait graduellement tout ce qu’il avait appris et je l’ai vu, à l’occasion, vivre des crises d’angoisse. Mais cela ne durait pas. Louis avait une immense capacité d’émerveillement. Un rien pouvait le remplir de joie. Nous allions à la bibliothèque ensemble et il lisait les journaux. Souvent il arrêtait sa lecture et se levait pour venir me montrer une belle expression ou un beau mot dans l’article qu’il lisait. Ses yeux scintillaient en me les montrant comme s’il avait trouvé un trésor caché. Un jour, je suis arrêté à la régie des alcools avec lui. Il a fait le tour du magasin pour lire les étiquettes sur les bouteilles. Il voulait savoir de quels pays chacune d’elles provenaient. À chaque fois qu’il découvrait un nouveau pays, il s’empressait de me le dire ou de le dire au commis ou au client qui se trouvait proche de lui. Il était émerveillé de voir que des produits du monde entier puissent se retrouver réunis dans un seul endroit. Louis m’a fait faire le tour du monde en 15 minutes cette journée-là et m’a fait partager son émerveillement.
Louis, Margaret et Johnny étaient vivants malgré la mort qui était à leur porte parce qu’ils se laissaient envahir par une « vie » qui était plus forte que cette mort.
Ces personnes sont décédées depuis plus de dix ans. Mais elles vivent toujours en moi. La sérénité et la sagesse de Johnny, la chaleur et l’accueil de Margaret, l’émerveillement et la joie de Louis sont encore là en moi. Ces personnes étaient tellement vivantes que la vie qu’elles portaient en elles était contagieuse. Si contagieuse de fait, que j’ai attrapé ce qu’elles avaient. Je suis un peu plus vivant aujourd’hui parce que ces personnes m’ont transmis l’Esprit qui les faisait vivre. Je suis vraiment reconnaissant d’avoir connu ces personnes et beaucoup d’autres comme elles.
…
En cherchant une image à joindre à ce texte, j’ai trouvé cette chanson :
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