Jean était un médecin de famille à la retraite. Il profitait de celle-ci pour accomplir un rêve de longue date : celui d’étudier en théologie. Nous nous sommes retrouvés dans les mêmes cours de théologie et nous sommes vite devenus amis.
J’ai reconnu
en lui un homme au grand cœur. Il était un médecin de la « vieille école »,
l’un de ceux qui prenait le temps d’aller visiter ses patients à la maison
quand c’était nécessaire. Sa profession était pour lui une vocation, un appel à
servir les autres.
Un soir,
comme il avait été absent de ses cours pendant plus d’une semaine, je suis allé
frapper à sa porte. Il avait une petite chambre sur le campus du
Collège. D’une voix faible, il m’a invité à entrer. Il était dans son lit, trop
malade pour se lever. Quand je me suis assis pour lui parler, il m’a expliqué
que son cancer du foie avait progressé rapidement et qu’il n’en avait plus pour
très longtemps.
Je voyais
qu’il ne pouvait plus demeurer seul et qu’il avait besoin de soins soutenus. Il
m’avait souvent parlé de ses enfants qui vivaient à Montréal et je savais qu’il
avait de très bonnes relations avec eux. Je lui ai donc demandé si ses enfants
étaient au courant de sa situation. Il m’a répondu qu’il ne leur en avait pas
parlé parce qu’il ne voulait pas être un fardeau pour eux.
Je lui ai
alors dit, « Tu as passé toute ta vie à aimer les autres et maintenant que
tu en as le plus besoin, tu refuserais l’amour qu’ils pourraient te donner? »
Le lendemain, je suis retourné à sa chambre pour voir comment il se portait. Son fils était là pour le ramener chez lui. Il est décédé quelques jours plus tard entouré de sa famille. Jean avait compris une des choses les plus difficile à saisir et à accepter: aimer ce n'est pas uniquement offrir ses richesses, mais c'est aussi offrir son indigence.
"Si je n'avais rien à donner à Dieu, je lui donnerais ce rien." - Thérèse de Lisieux
No comments:
Post a Comment