Comme beaucoup de jeunes des années 60-70 j’ai, à quelques reprises, essayé de fumer du cannabis. Mes tentatives furent très peu fréquentes et vite stoppées. Je me suis rendu compte que cela m’assommait - littéralement. Après ma dernière tentative dans la jeune vingtaine, je me suis retrouvé au lit pour plusieurs heures avec une migraine catégorie 5 (si on calcule la violence des ouragans ainsi, pourquoi pas celle des migraines!) Encore aujourd’hui, je n’ai qu’à flairer la boucane d’un joint que quelqu’un fume, même à une bonne distance, et le cœur me lève et j’ai mal à la tête. C’est sans doute une question d’intolérance.
Cela peut sembler étrange, mais je crois
que j’ai aussi une « intolérance », non pas physique mais tout aussi
forte, aux billets de loterie. Je n’en ai jamais acheté. Pas un seul. Si
quelqu’un me demande pourquoi, je peux donner toutes sortes de raisons plus ou
moins valables. Mais je n’ai pas envie de justifier ce choix. Récemment, en
réfléchissant à cela, je me demandais pourquoi cette « intolérance »
presque viscérale était si forte en moi. C’est un souvenir apparemment anodin
qui m’a fourni une réponse.
J’ai travaillé dans un Harvey’s comme
cuisinier pendant un été. Un jour, après la fermeture du restaurant,
quelques-uns des employés m'on invité à jouer au poker avec eux. Je savais
comment jouer mais je ne l’avais jamais fait pour de l’argent. J’ai gagné près
de 25$. À l’époque cela équivalait à plus de deux journées de salaire. Je
n’avais certainement pas triché en jouant, mais je me suis senti profondément
coupable de soutirer de l’argent à des gars qui avaient travaillé fort pour le
gagner et qui vivaient très pauvrement. J’ai décidé à ce moment-là de ne plus
jamais jouer pour de l’argent. Enlever de l’argent au jeu à des personnes qui
n’ont pas les moyens d’en perdre est une injustice. Cela me répugne autant que
de voir quelqu’un intimider ou brutaliser un autre plus faible que lui.
Il n’y a pas que les gens qui peuvent se le permettre qui achètent des billets de loterie. Il y a aussi ceux qui n’ont pas les moyens de le faire. On a beau mettre le blâme sur leurs épaules en disant qu’ils devraient mieux gérer leurs affaires, mais le blâme repose peut-être davantage ailleurs. Toute la publicité faite autour de la vente de billets de loterie fait miroiter des biens que ces personnes ne seront jamais en moyen d'acquérir. Elle prend avantage de leur rêve d’avoir une vie meilleure pour leur soutirer le peu qu’ils ont. Cela me lève le cœur et me donne mal à la tête. C’est sans doute une question d’intolérance.
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