Jean-Guy était débrouillard et trouvais des solutions
originales pour régler des problèmes. Nous vivions juste à côté du parc de la
Gatineau et c’était notre terrain de jeu. Jean-Guy emmenait souvent ses petits
frères faire de longues randonnées dans les bois. Un jour, nous sommes arrivés au
pied d’une petite falaise d’une quinzaine de mètres. Jean-Guy a réussi à
l’escalader sans trop de difficultés, mais pour les plus jeunes ce n’était pas
facile et nous avions peur de monter. Jean-Guy a trouvé une solution. Il avait
un rouleau de ficelle, le genre qui sert à attacher les balles de foin. Il a
laissé la corde descendre la falaise et nous a dit de nous accrocher à elle et
qu’il tirerait pour nous aider à monter. La ficelle était beaucoup trop fragile
pour soutenir notre poids, mais nous avions confiance dans notre grand frère et
nous avons réussi à nous rendre en haut de cette façon-là. Pendant que nous
grimpions le rocher, notre chien Peewee qui était avec nous s’est mis à japper
et à gémir. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait cela. En vieillissant,
j’ai compris qu’il essayait probablement de nous dire en langage de chien,
« Vous allez vous casser le cou, bande de fou ! »
Mon grand frère avait une passion pour bâtir des choses.
Quand il était jeune il rêvait toujours de bâtir des maisons dans les arbres,
des radeaux, des forts de neige… Pour bâtir il avait besoin d’outils. J’entends
encore la voix de mon père crié de son atelier dans le sous-sol, « Qui a
pris mon marteau… ma scie … mon tournevis ! » Mon père était distrait
et le tournevis se trouvait quelquefois dans la poche arrière de son pantalon.
Mais la plupart du temps, c’est Jean-Guy qui avait emprunté les outils disparus
pour un de ses projets de construction.
Pour bâtir, ça prenait aussi des matériaux de construction
et Jean-Guy avait beaucoup d’imagination pour en trouver. Une fois, il nous a
emmené à une vieille grange. Il nous a dit qu’elle était abandonnée. C’était une
mine d’or de matériaux de construction : des planches, des poutres, des
deux par quatre, des tuiles sur le toit… On pouvait construire beaucoup de
choses avec tout cela. Nous venions de commencer notre travail de démolition de
la grange pour récupérer ces matériaux quand un fermier est arrivé avec son
chien et son fusil de chasse. Chose étonnante, il ne semblait pas savoir que sa
grange était abandonnée. Heureusement, ce monsieur a trouvé cela pas mal drôle et
il aimait les enfants et nous a laissé partir.
Jean-Guy était un vraiment bon gars. Je pense qu’il n’avait
pas une goutte de méchanceté en lui, mais il lui arrivait d’agir avant de
penser aux conséquences de ce qu’il faisait. Chaque année nous achetions des
pétards pour fêter le premier juillet. Je me souviens d’un de ces 1ier juillet.
Pendant que j’étais penché pour ramasser quelque chose, Jean-Guy tenait un gros
pétard allumé dans sa main, un de ceux qu’on appelait pétards « à cinq
cennes ». Il l’a déposé sur mon dos en pensant que ce serait drôle de me
voir réagir quand le pétard éclaterait. Le pétard a roulé de mon dos vers mon
cou où je l’ai senti. Comme je mettais ma main sur mon cou, le pétard a éclaté.
J’ai encore une cicatrice dans le cou comme souvenir de cette journée-là.
Avec cinq petits frères autour de lui qui grouillaient beaucoup et qui faisait de temps en temps des mauvais coups, Jean-Guy pouvait quelquefois, avec raison, être impatient avec nous. Un jour, j’ai emprunté sa bicyclette sans demander sa permission. Je l’ai entendu derrière moi me dire d’arrêter, mais je savais qu’il ne pourrait pas courir assez vite pour me rejoindre et j’ai continué à pédaler en pensant que je lui avais joué un bon tour. Soudainement j’ai senti quelque chose me mordre entre les deux épaules et je suis tombé de la bicyclette. Jean-Guy avait décidé que la seule façon de m’arrêter était de se servir de sa carabine à plomb. Il avait un bon œil et n’avait pas manqué la cible!
Un jour, je vais revoir mon grand-frère. Nous pourrons alors jaser de ces souvenir d'enfance et rire de bon coeur!
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